Culture et politique

Numéro 18 – Juin 2008

Par Gérald Morin et Tanguy Ausloos

Le 6 mars dernier à Berne, dans le cadre de la réunion annuelle du Forum Culture et Économie, des mécènes et sponsors éta­tiques et privés se sont rencontrés. Le thème tournait autour de la politique culturelle en Suisse dans 20 ans. Dans son intervention intitulée « La disparition de la culture », le directeur de Pro Helvetia, Pius Knüsel, livre une vision très pessimiste, voire cynique, de l’état de la culture en Suisse : « La littérature suisse est pour moi trop amoureuse d’elle-même. […] Le cinéma suisse m’émeut surtout par son autosatisfaction. […] Le théâtre suisse n’a pas encore répondu à mon préjugé selon lequel il émane d’une serre. […] Les expositions n’exercent sur moi qu’une capa­cité d’attraction limitée. […] [La poli­tique d’en­couragement actuelle] n’encourage rien, mais s’avachit de manière fédérale. C’est une politique d’encouragement qui sacra­lise des ambitions artistiques et les protègent des attentes de la société. Une politique d’encouragement qui commence avant même que l’artiste ait une idée claire de ce qu’il compte créer. La politique d’encouragement actuelle mise sur l’exis­tence et non le résultat. Elle ne s’interroge pas sur le bénéfice social. »

Il est évident que la véhémence issue de ce débat trouve son origine dans les débats politiques concernant le projet de la nouvel­le loi sur l’encouragement à la culture (LEC) et sur la réforme de la loi sur Pro Helvetia (LPH). Deux projets de lois que certains voudraient réunir sous un même toit (voir dossier sur la LEC, CultureEnJeu n°15).

Notre intention n’est pas de répondre à ce discours provocateur – qui a eu au moins l’avantage de faire réagir les milieux poli­tiques et artistiques concernés – mais de présenter quelques pistes glanées dans la presse autour d’une table ronde virtuelle, introduites par une réflexion d’Anne Cuneo, suivies d’un point spécifique sur la situation du livre par Gabriel de Montmollin, di­rec­teur des éditions Labor et Fides. En con­clusion, Pierre-Louis Chantre présente la synthèse de la première session du Forum Arts, Culture et Création qui s’est tenu fin février à Genève.