Ni pour, ni contre, mais à signer

Numéro 19 – Septembre 2008

Titre de la rédaction

À notre connaissance, peu de partis politiques ont à ce jour pris position officiellement pour l’initiative Pour des jeux d’argent au service du bien commun. Dans son dernier numéro, Points Forts socialistes n°18 (PDF), l’organe de presse du Parti Socialiste Vaudois (PSV) a publié un article d’Olivier Barraud. Ce dernier expose les raisons qui ont amenés le PSV à prendre position pour l’initiative :

Le comité directeur du PSV a décidé de soutenir l’initiative Pour des jeux d’argent au service du bien commun de la Loterie Romande et vous invite à la signer. Il ne s’agit pas de se positionner pour les jeux d’argent mais bien d’éviter la privatisation des bénéfices.

Un soutien franc et réfléchi

Se positionner sur une question liée aux jeux d’argent est toujours assez délicat pour nous, socialistes. En effet, nos valeurs nous engagent à défendre les plus faibles et les personnes dépendantes des jeux en font naturellement partie. Dès lors, lorsqu’il a été question de déterminer si le PSV soutenait l’initiative Pour des jeux d’argent au service du bien commun de la Loterie Romande, le comité directeur s’est retrouvé divisé entre les camarades trouvant ce soutien contraire à nos valeurs, voire immoral, et ceux œuvrant dans le domaine associatif, qui constatent concrètement les bienfaits du soutien financier de la Loterie Romande. Cette dernière ne facilitant pas le débat tant il est vrai que son comportement en ce qui concerne la prévention n’est pas exempt de tout reproche. La rocambolesque histoire des Tactilos et un marketing intense nous en apportent la preuve si besoin.

À force de débattre sur la question des jeux d’argent en général, on en a presque oublié le sujet proprement dit de l’initiative. Dans les faits, nous étions « hors sujet » car l’initiative vise à ancrer dans la constitution la situation législative actuelle, à savoir que l’ensemble des bénéfices des loteries doivent entièrement être reversés à des associations culturelles, sociales ou sportives. Il ne s’agit donc pas d’être pour ou contre les jeux d’argent, mais bien de savoir à quoi servent et où vont les bénéfices des jeux d’argent.

Éviter la privatisation des bénéfices

Vu que la législation actuelle prévoit une redistribution des bénéfices, la question de l’utilité de cette initiative est légitime. Depuis plusieurs années, les loteries suisses doivent faire face à des attaques répétées du lobby des casinos qui voit dans le secteur des loteries une véritable mine d’or à exploiter. Ce milieu peu fréquentable lorgne sur des bénéfices qu’il aimerait voir finir dans sa poche. Il met donc tout en œuvre pour modifier la loi fédérale sur les Loteries et les Paris (LLP) en se fondant sur les principes de la loi fédérale sur les Maisons de Jeu (LMJ) qui prévoit l’octroi de concession. Preuve de la puissance de ce lobby, aucune concession de casino n’a été octroyée à la Loterie Romande. Ceci malgré le fait que la Loterie Romande soit un acteur majeur du secteur et qu’elle avait déposé une demande de concession répondant parfaitement aux critères exigés. Il ne fait aucun doute du pouvoir de ce lobby notamment au sein de la commission fédérale des maisons de jeux.

Enfin, il est toujours utile de rappeler que plusieurs centaines d’associations et projets vivent grâce au soutien des loteries suisses qui reversent la totalité des bénéfices au contraire des casinos. En signant cette initiative, nous avons l’espoir de pérenniser le principe essentiel qui oblige le versement des bénéfices issus des jeux d’argent au service de l’intérêt public, pour le bien commun.