Au nom de la liberté de la presse
L’heure est venue de passer à l’action en misant sur les nouvelles forces politiques entrées au Parlement cet automne.
Une lame de fond s’est levée : les enfants de l’internet et de l’e-trottinette angoissent pour la planète. Mais en utilisant intensément les réseaux sociaux, ils contribuent au déclin des moyens d’information traditionnels, qui se voient de plus en plus contraints de renoncer au journalisme de qualité et aux sujets de fond au profit du sensationnalisme ambiant. De façon tristement restrictive, l’engouement pour le smartphone fait fondre ce qui reste de diversité dans l’information en Suisse. On n’a pas encore atteint le point de non-retour, pourtant la politique suisse va devoir décider si elle combat cette tendance, s’il est déjà trop tard ou, pis, qu’elle n’a pas à s’en mêler.
Un collier étrangleur
Il y a deux ans, la population plébiscitait formidablement la radio et la télévision de service public contre No Billag. Mais personne n’a vu, à ce moment-là, combien était inquiétante la décision du gouvernement suisse d’affubler le service public audiovisuel d’un collier étrangleur: le plafond de la part de la redevance attribuée à la SSR s’élevant à 1,2 milliard. Ce plafond déploie tous ses effets néfastes maintenant que se confirme la fuite accélérée des revenus publicitaires vers les GAFA, un phénomène affectant autant l’audiovisuel public que la presse privée (un recul de plusieurs dizaines de millions chaque année). Il est de bon ton d’invoquer la liberté de la presse, qu’on risquerait d’abîmer en lui accordant un soutien public. Ne rien faire est une bien meilleure garantie que cette dernière ne perde non seulement sa liberté, mais aussi sa tête ! Et la liberté de la presse, les artistes connaissent le problème. Comme l’a rappelé très souvent CultureEnJeu, les cinéastes en particulier ont mis en place depuis plus d’une génération des solutions pour assurer l’étanchéité entre leur art et les pressions politiques. Il est grand temps que les journalistes s’en inspirent.
Grâce aux nouvelles forces politiques qui entrent au Parlement cet automne, plus rien n’empêche un courant attaché à l’existence d’une presse indépendante de passer à l’action.