Un fond de garantie pour les tournages

Numéro 67 – Septembre 2020

Stéphane Morey, secrétaire général de l’AROPA – Association Romande de la Production Audiovisuelle, plaide pour la création d’un fonds de garantie pour pallier l’absence d’assurances de tournage privées prêtes à couvrir les risques liés au COVID-19.

La France, l’Autriche, et l’Allemagne ont créé des fonds de garantie pour couvrir les risques d’annulation de tournages à cause du COVID-19. L’État autrichien a pris en charge seul le risque. Le fonds français est alimenté par de l’argent public mais aussi une participation des assurances privées. En Suisse ? Rien. 

Une épée de Damoclès pèse sur les producteurs·trices si un cas devait se déclarer sur un tournage. Au mieux : deux semaines d’arrêt, l’équipe au chômage technique, et des surcoûts couverts par les bailleurs de fonds du film. Au pire, si par exemple l’acteur·trice principal·e est gravement atteint·e, impossible de terminer le projet dans un délai raisonnable. Au-delà de l’aspect humain d’un tel drame, qui va rembourser les centaines de milliers, voire millions de francs investis ? 

On peut espérer que les bailleurs de fonds publics accepteront d’assumer la perte. On ne peut pas en attendre autant des investisseur·ses privé·e·s, des chaînes TV ou des distributeurs·trices, qui ont pris un risque commercial sur le projet. La responsabilité reviendra à la société de production pour qui la tuile sera synonyme de faillite, à tous les coups. 

Avec le soutien de la Com­mission Fédérale du Cinéma, les associations de producteurs·trices et Cinésuisse ont écrit au SECO pour demander la création d’un fonds de garantie. Le SECO n’a pas répondu, et renvoie la balle à l’OFC. Les mesures du SECO visent à éviter les faillites. Les producteurs·trices prennent des risques énormes pour continuer à produire du cinéma de qualité. Que la Confédération prenne ses responsabilités, comme tous nos voisins moins riches l’ont déjà fait.