Diversité culturelle – Entrée en jeu de la Coalition suisse

Numéro 7 – Septembre 2005

Les milieux culturels suisses s’engagent sans réserve dans le combat pour la diversité culturelle, dont le premier round se joue à l’Unesco et les suivants à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Malgré l’opposition farouche des États-Unis, le projet de Convention pour la diversité culturelle a été adopté par la Réunion intergouvernementale d’experts de l’Unesco qui s’est tenue à Paris du 26 mai au 3 juin. Ce texte, qui reconnaît la spécificité des biens et services culturels tout en garantissant la souveraineté des États sur sa préservation, doit encore être approuvé en octobre par la 33e Conférence générale de l’Unesco. Avec leurs quelques alliés, les États-Unis vont donc à nouveau s’employer à le faire capoter. Ils estiment en effet que la culture est une marchandise comme une autre qui doit être soumise aux seules lois du marché, c’est-à-dire à la libre concurrence absolue bannissant toute aide ou subvention. En conséquence, les biens culturels ne relèveraient que des accords conclus sous l’égide de l’OMC. Or, personne n’ignore que pour garantir la diversité culturelle, des aides spécifiques et ciblées sont indispensables ; les seules lois de la concurrence ne profitent qu’au droit du plus fort d’imposer ses produits sans aucun souci de qualité. La préservation des biens culturels matériels et immatériels, qui véhiculent les identités complexes des peuples, exige une volonté politique internationale. L’Unesco, dont c’est précisément l’objectif, est l’institution la mieux à même de l’incarner.

Indispensable pression sur les États

Tout ceci peut paraître bien lointain et abstrait. Erreur. Demain, si on n’y prend garde, tout artiste suisse pourra être touché directement par les ukases de l’OMC. Pour résister au nivellement mondial de la culture, soustraire les biens culturels au champ des négociations commerciales et obliger les États à soutenir la Convention sur la diversité culturelle de l’Unesco, des Coalitions nationales pour la diversité culturelle ont été crées. Parties du Canada et de France, rejointes par l’Allemagne et l’Espagne, elles sont à ce jour vingt-quatre dans le monde.

Tout artiste suisse pourra être touché directement par les ukases de l’OMC

Le 29 juin à Berne, des représentants des principales organisations suisses de l’audiovisuel, de la musique, de la scène et du livre, de même qu’enJEUpublic, ont fondé la Coalition suisse pour la diversité culturelle. Toutes disciplines confondues, les artistes suisses peuvent prendre part à un large mouvement unitaire pour défendre la culture et les moyens d’existence de ceux qui la produisent. Cette bataille pour la diversité culturelle, dont l’Unesco est un épisode important, va exiger toutes les forces pour faire reculer l’OMC.