Coupes budgétaires dans la culture – Un vent de fronde souffle à Neuchâtel

Numéro 8_9 – Janvier 2006

Octobre 2005. Presque simultanément mais indépendamment, les autorités de la Ville de La Chaux-de-Fonds et celles du canton de Neuchâtel annoncent que les rigueurs budgétaires les obligeront à couper dans tous les secteurs et que la culture en particulier ne sera pas épargnée. Comme, dans le meilleur des scénarios envisagés avant les négociations, les coupes seront linéaires, elles pénaliseront plus durement les petits. Les actrices et acteurs culturels indépendants du canton de Neuchâtel se mobilisent : musique, arts de la scène et de la rue, arts plastiques, littérature. Ils fondent le Mouvement 1005, faisant ainsi écho au Mouvement 804 genevois. La branche chaux-de-fonnière est très présente et de manière spectaculaire dans la ville ; un affichage sauvage, des performances dans la rue, une manifestation, une abondante récolte de signatures de soutien. Elle en outre a rédigé ce manifeste : « La culture fait partie de la vie, l’amputer de ses moyens déjà dérisoires équivaudrait à une disparition de la création régionale. Cela serait laisser la place à une culture unique. Nous revendiquons une diversité et un ancrage dans la cité. Nous sommes des habitants à part entière de La Chaux-de-Fonds, sensibles aux projets, aux réussites, aux échecs et aux combats de cette communauté.

Nous avons été durant de nombreuses années, et le sommes encore, générateurs d’emplois et de dynamisme. La culture indépendante en est le reflet, et chaque franc investi par notre ville a permis de réinjecter dans l’économie de la cité, selon les projets, une somme de plusieurs fois supérieure. Nous n’avons d’autre souhait que de perpétuer à l’avenir ce dynamisme, confortant l’image culturelle et audacieuse de cette cité, confortant aussi ce que nous avons appris de notre passé : le courage et la ténacité.

Dans le meilleur des scénarios envisagés avant les négociations, les coupes pénaliseront plus durement les petits

Le Mouvement 1005 est apolitique, mais nous considérons qu’une perte de culture est toujours une perte de démocratie. S’il y a une vraie prise de position politique des créateurs, c’est celle d’affirmer la nécessité et la valeur essentielle de la démocratie.

Nous nous déclarons solidaires et unis pour la défense d’une pluralité culturelle. Nous prenons acte et condamnons sans hésitations, ni faiblesses, les attaques contre les plus démunis, contre l’éducation, contre la santé et le bien-être des citoyens et des citoyennes.

Dans ces temps difficiles, nous appelons les autorités exécutives et législatives à faire preuve de courage et de force dans la défense de valeurs importantes de la démocratie, telles que l’aide aux plus faibles, la liberté d’expression, la solidarité, l’équité et le respect. Nous continuerons à nous défendre unis au-delà de toute concurrence, qui ne profite finalement qu’aux nantis de notre société.

Et s’il fallait trouver des moyens, c’est peut-être aux avantages concédés à ceux-ci ces dernières années, par le jeu des privatisations et des cadeaux fiscaux, qu’il faudrait songer... Notre ambition est de partager, quel qu’il soit, l’avenir de cette ville, et cela avec la plus grande détermination. »