Stars, vous avez dit: stars? What else?

Numéro 29 – Mars 2011

Stars. Étoiles. Vedettes (de l’italien vedetta, poste d’observation où est placée une sentinelle). Stars, songe d’une nuit d’été cinéma. Quelle idée de consacrer un numéro spécial aux « stars » alors qu’elles ne sont plus que des étoiles… filantes dans un ciel argenté !

À défaut de hanter nos rêves, les stars d’aujourd’hui se contentent d’habiller… les contrats de l’industrie. Princes et princesses d’un jour à l’ordre de transactions bancaires, rien ne leur échappe, de la haute couture en passant par l’industrie horlogère et cosmétique. « What else ? »

Poser la question, c’est y répondre : exigeantes, forcément capricieuses et nimbées de mystère jadis, les stars se gardaient d’apparaître dans les pubs télévisées et de raconter leur vie de long en large, et plus si entente, dans les magazines. Jouant dès lors les psys de service, elles dévoilent tout : déprimes, alcool, coke, amours manquées, enfants refusés ou adoptés, conseils de beauté, fitness, Ibiza-Saint-Barth-Gstaad. Hier, on les disait SM, elles sont sur FB (Facebook) aujourd’hui. Épique époque.

Devenues des people déguisés en portefaix, les « stars » de ce XXIe siècle ont appris, comme l’a écrit Antonio Tabucchi[1], que le temps vieillit vite. Aussi, d’un plan média à l’autre et d’une pub à la suivante, incarnent-elles, souvent… désincarnées, des personnages de fiction auxquels les producteurs croient si peu qu’ils leur préfèrent encore le merchandising.

« Les stars ne sont plus, vivent les nouvelles stars ! Poilues et tigrées, elles ont la peau dure, le regard vif et ingénu. »

Les stars ne sont plus, vivent les nouvelles stars ! Poilues et tigrées, elles ont la peau dure, le regard vif et ingénu. Se déplaçant à quatre pattes, elles ne boivent que de l’eau, grimpent aux arbres et exécutent des tours acrobatiques.

À la une des journaux, elles attendrissent les familles qui les confondent avec leurs rejetons et se prénomment « Farasi » (hippopotame), « Berna », « Ursina », « Knut » (oursons). Ou « Heidi » (opossum), voire « Paul », le poulpe aujourd’hui disparu, malicieux pronostiqueur des résultats de la dernière Coupe du monde.

En Suisse, on envisagea de leur donner des avocats et, en Russie, Vladimir Poutine organisa l’an dernier un concours national et démocratique. Objectif : permettre à la population russe de choisir le nom du petit chien[2] que lui avait offert le chef du gouvernement bulgare !

Un jeune garçon, Dima Sokolov, proposa Buffy. Vladimir Poutine acquiesça. Sans doute le premier ministre russe est-il un fan de la série télévisée américaine Buffy contre les vampires. Qui raconte l’histoire d’une tueuse de vampires luttant contre les forces du mal.

Les stars sont des animaux.

[#1] Tabucchi, Le temps vieillit vite, Éditions Gallimard
[#2] Voir le chien de Vladimir Poutine : http ://fr.rian.ru/photolents/20101210/188083759.html