Numéro 104 / Septembre-Octobre 2023
L’art, un cas d’école
Édito
Artiste, mode d’emploi
Être artiste, ça s’apprend ? Oui, si l’on en croit les chiffres de l’Office fédéral de la statistique : en 2020, quelque 1550 personnes ont décroché un Bachelor HES dans une discipline artistique en Suisse, design y compris. Au niveau Master, les frais·îche·s diplômé·e·s étaient au nombre de 1434. Or, il ne s’agit que de la pointe de l’iceberg culturel. À travers le pays, le domaine artistique compte presque autant de voies de formation « officielles » que de disciplines. Quant aux écoles elles-mêmes, qu’elles soient publiques ou privées, de taille importante ou minuscules, il n’est presque pas possible d’en faire l’inventaire complet. Sans oublier bien sûr les chemins de traverse, parcours atypiques et autres. Dans cette édition d’automne, la cinquième depuis son redémarrage post-Covid 19, CultureEnJeu explore la thématique de la formation. Loin de se vouloir exhaustive, la revue que vous tenez entre les mains soulève la question de l’adéquation des cursus artistiques au marché du travail, évalue l’impact des nouvelles technologies en termes d’apprentissage ou encore offre une perspective comparative sur diverses filières. Autant de contenus à découvrir en écoutant la – désormais traditionnelle – playlist thématique concoctée spécialement pour l’occasion.
Tout aussi variés sont les parcours et les profils de celles et ceux qui sont passé·e·s par les formations dont parle CultureEnJeu. Cette thématique a donc mené L’Agenda à la rencontre de trois jeunes artistes – une plasticienne, une danseuse et une batteuse – fraîchement sorties de trois filières artistiques, afin d’aborder avec elles la traversée de leurs études mais aussi leurs façons de vivre leur art et leurs projets actuels.
Les rencontres ne s’arrêtent pas là et sont même le leitmotiv de ces pages, puisque nous avons également eu le plaisir de rencontrer quatre pianistes; Elizabeth Sombart, dont la passion résonne tant auprès du public des salles de concert que chez les per- sonnes qui n’ont généralement pas accès à la musique ; Aleksandra Świgut, professeure de l’université de musique Fryderyk Chopin à Varsovie, Alberto Nosè, soliste ayant notamment joué avec le London Philharmonic Orchestra et le Philharmonique de Radio France; et en couverture, Khatia Buniatishvili, véritable princesse du piano à l’international. Les pianistes ne sont pas les seul·e·s à l’honneur puisqu’un portrait est également consacré à la flûtiste Silvia Careddu et, dans un tout autre registre, à l’auteur Michel Cretton, lauréat de notre concours de nouvelles 2023.
Quelle que soit la manière dont les artistes sont initié·e·s à leur discipline, il·elle·s ne cessent de surprendre par leur talent, leur audace, leur créativité. Chères lectrices, chers lecteurs, nous vous souhaitons autant de plaisir à découvrir les contenus de ce magazine que nous en avons eu à les rédiger.
Katia Meylan, rédactrice en chef de L’Agenda
Patricia Michaud, rédactrice en chef de CultureEnJeu
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De la caverne au pupitre
Chronique : Christophe Gallaz, écrivain et chroniqueur
Depuis longtemps m’est venue l’idée d’exprimer de-ci de-là cette énigme : on ignore si les populations d’avant notre Histoire ayant décoré la Grotte Chauvet, à Vallon-Pont-d’Arc en Ardèche, ont suivi le moindre cours au sein d’une école d’art comme nous les connaissons aujourd’hui. Et comme ils sont évoqués ailleurs au sein de ce magazine.
En tout cas personne ne connaît d’institution comparable qui fût en activité voici 21’000 ans. Ni 2000 ans plus tard, d’ailleurs, quand d’autres artistes investirent en Dordogne actuelle les cavités de Lascaux pour y figurer toute une sarabande d’aurochs et de bisons, de chevaux, de cerfs, d’ours, de rennes, de félins et de bouquetins. Or le travail de ces ancêtres, comme on sait, participe de l’art le plus foudroyant– établi sur des savoir-faire qui règlent magistralement, par exemple, des problèmes comme ceux de la perspective et de la troisième dimension représentées sur des surfaces inégales.

Chapeau !
Focus : Allan Kevin Bruni, rédacteur
Tellement vieille qu’il est difficile de lui donner un âge, la rémunération au chapeau est toujours bien vivante. Pour une bonne raison : selon une étude, seule une infime partie des consommateur·rice·s de culture choisit de ne rien donner à l’issue d’un spectacle.
La rémunération au chapeau est une vieille dame. De l’église aux arts vivants, elle a traversé les âges, si bien qu’il est difficile de lui en donner un. Les rumeurs veulent qu’elle ait pris naissance au Moyen Âge déjà, et qu’elle s’y soit répandue en Europe; mais il semble difficile de retracer ses origines avec précision. Elle est aujourd’hui considérée par certain·e·s comme dépassée et peu sûre, car les revenus qui en découlent ne sont pas stables. Malgré cela, cette méthode de ré- munération fait partie du mode de vie de nombreux·euses artistes amateur et professionnel·le·s. Elle constitue même une source de revenus conséquente pour beau- coup d’entre eux·elles… à condition bien sûr que le public ne soit pas pris d’une crise d’avarice.
Autres articles du numéro 104 accessibles aux abonné·e·s

Près d’un diplôme HES sur dix renvoie à une discipline artistique
En Suisse, le domaine artistique compte presque autant de voies de formation que de disciplines. L’une d’entre elles consiste à suivre un cursus HES Bachelor et/ou Master. Etat des lieux chiffré.
Focus : Patricia Michaud, journaliste
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Un but, des dizaines d’options, trois exemples
En Suisse romande, il existe une multitude de voies de formation possibles pour les artistes. Qui guide les pas des danseur·euse·s, musicien·ne·s ou artistes plasticien·ne·s en devenir ? Portraits choisis de trois structures hétérogènes : l’Association pour la Formation de Jeunes Danseurs, La Gustav et la HEAD – Genève.
Portraits croisés : Katia Meylan, journaliste culturelle
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« Il faudrait une seule et grande école de cinéma en Suisse romande »
Former, c’est bien. Encore faut-il former juste. Dans le domaine du cinéma et de l’audiovisuel, l’explosion de la production de séries a engendré de nouveaux besoins en termes de main-d’œuvre. Des besoins auxquels ne répondent pas encore assez les diplômé·e·s des hautes écoles d’art, selon Elena Tatti, co-présidente de l’Association romande de la production audiovisuelle (AROPA) et co-fondatrice de Box Productions.
Interview : Patricia Michaud, journaliste
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La musique en quelques clics
Applications pour smartphone, plateformes vidéo et sites web : jamais l’apprentissage d’un instrument n’a été aussi accessible. Confrontées à cette concurrence digitale, les écoles de musique tentent d’en tirer le meilleur parti.
Enquête : Loïc Delacour, journaliste
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De la solidarité à la concurrence
Près de la moitié des habitant·e·s du pays font moins de sorties culturelles qu’avant la crise pandémique. Pour continuer à séduire le public, les institutions rivalisent de créativité. Quitte à mettre en danger la solidarité dans la branche ?
Enquête : Marie Butty, rédactrice
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LA CULTURE EN JEU

Des arts que notre siècle enseigne
Durant des siècles, l’apprentissage du métier d’artiste ne pouvait venir que du sein de la pratique elle-même. Mais depuis une centaine d’années, l’essentiel de cette charge est remise à des institutions formatrices. C’est du moins le cas pour tous les arts «systémiques», ceux dont la société a besoin pour sa bonne marche et qu’elle soutient donc en dehors des règles commerciales.
Joël Aguet, historien du théâtre et membre du comité de l’association Culture EnJeu
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Le match sport-culture
Le sport est populaire, la culture élitaire ; le sport est de droite, la culture de gauche; le sport est privé, la culture étatisée, etc. A ce petit jeu, on sent qu’aimeraient bien jouer les porteur·euse·s de deux initiatives cantonales et d’une interpellation lancées par des lobbys sportifs en Suisse romande, qui demandent que les subventions au sport soient multipliées par dix dans les cantons de Neuchâtel et de Vaud.
Frédéric Gonseth, cinéaste et président de l’association Culture EnJeu
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A propos de l’association CultureEnJeu
L’éditeur de la revue CultureEnJeu est une association éponyme. Sa vocation : encourager la coalition de créateur·rice·s culturel·le·s – individualistes par définition – à devenir un collectif agissant à l’échelle romande. Pas facile de regrouper ces domaines si différents que sont les arts de la scène, les arts visuels, audiovisuels, descendant des vallées ou montant dans des villes, pour défendre l’entité culturelle romande, qui a de la peine à se revendiquer comme telle, mais qui, comme toute petite minorité, doit régulièrement réaffirmer qu’elle a droit à l’existence face aux Goliath culturels français, européens, américains, ou même face à une majorité qui, dans cette confédération, cultive une toute autre culture dans une toute autre langue. Depuis plus de vingt ans, l’association Culture EnJeu fait office de citerne à pensées (think tank). Il lui arrive parfois de sortir de son hibernation pour lancer des actions tonitruantes (comme l’initiative populaire qui a inscrit les loteries de service public dans la Constitution fédérale).
Acteur·rice·s culturel·le·s ou fans de la culture, arrivant·e·s ou ancien·ne·s, joignez-vous à nous : info@cultureenjeu.ch
La playlist
Du côté de L’Agenda




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