Le Valais fait son cinéma

Numéro 31 – Septembre 2011

Est-ce la force de ses paysages qui a stimulé le Valais à s’engager avec une certaine détermination dans le domaine de l’image et de l’audiovisuel ? L’horizon borné par les montagnes pousse à lever les yeux vers l’infini ; est-ce alors que l’on crée des images dans sa tête ? Peut-être. En tous les cas, la fin du siècle dernier a été marquée par de foisonnantes initiatives dans ce domaine : Canal9, une des premières télévisions locales, puis régionales, de Suisse naît en 1983 à Sierre. Six ans plus tard, le Valais se dote d’un centre du film qui deviendra la Médiathèque Valais-Martigny – organisatrice, en 1991, des Images en folie, contribution du Valais à la fête d’anniversaire de notre Confédération. Ce mouvement avait été précédé d’une présence forte des Valaisans lors des premières éditions de la Course autour du monde organisée par les télévisions francophones. Le Valais est, en quelque sorte, le franc tireur de l’audiovisuel romand, à la marge et hors des écoles. On est dès lors moins étonné de constater que la Fondation Fellini pour le cinéma se soit installée à Sion pour donner une seconde vie aux archives réunies par Gérald Morin, que Sierre accueille depuis plus d’un lustre les ateliers d’écriture cinématographique de DreamAgo ou que plusieurs maisons de production soient activement installées en Valais.

C’est dans ce contexte que la création et la production cinématographiques se développent en Valais, prenant souvent appui sur l’une ou l’autre des structures nommées précédemment : ma première rencontre avec Denis Rabaglia remonte à un reportage pour Canal9, qu’il réalisait dans l’institution que je dirigeais alors. C’est sur un ensemble de coups de folie, de prises de risque personnelles, de transhumance entre l’ailleurs, pour se former, construire ses réseaux et acquérir des expériences, et l’ici, pour créer, produire, se ressourcer ou rechercher des soutiens ponctuels, que se développent les projets des professionnels valaisans. Si je parcours la liste des récipiendaires du prix d’encouragement de l’État du Valais décerné depuis trente ans, j’y lis les noms de Dominique de Rivaz, Pierre-Antoine Hiroz, Denis Rabaglia, Frédéric Mermoud, Claude Barras, Nicolas Steiner. Ces choix, alors qu’aucun prix n’est spécialement réservé à l’audiovisuel, soulignent également une reconnaissance « officielle » du domaine. Ils ont certainement stimulé des vocations et de nouveaux talents.

Le Valais est, en quelque sorte, le franc tireur de l’audiovisuel romand, à la marge et hors des écoles.

Aujourd’hui, aux côtés des autres cantons romands et des villes de Genève et Lausanne, plus grand des petits cantons producteurs de cinéma, le Valais se réjouit de participer à l’aventure collective de la Fondation romande pour le cinéma. Il le fait dans le prolongement naturel de la collaboration pratiquée depuis dix ans avec le Fonds REGIO, collaboration certes plus modeste en termes financiers, mais qui a reposé sur des échanges systématiques et réguliers d’expertises dans l’appréciation des dossiers que le canton a été amené à soutenir dans son aide sélective. Dans un domaine où des compétences artistiques, techniques, économiques et financières relativement complexes sont nécessaires, cette pratique informelle a été pour nous un banc d’essai et nous nous réjouissons qu’elle prenne une forme systématique dans le cadre de la FROMCI.
La FROMCI, c’est également pour le Valais la poursuite, dans un cadre plus large, de la collaboration entre monde professionnel et pouvoirs publics. La création, en 2008, de VALAISFILMS, structure faîtière de toutes les branches de la profession, a permis un dialogue régulier et structuré. VALAISFILMS a notamment été l’interlocuteur privilégié de la refonte du dispositif de soutien au domaine audiovisuel en Valais et c’est en partenariat très direct avec cette association que des dispositifs originaux tels que la Bourse pour la relève dans la création audiovisuelle ou la Bourse pour la professionnalisation dans le développement de projets audiovisuels ont été mis en place. Dans les deux cas, financé par le Canton et choisi par VALAISFILMS, un mentor professionnel accompagne les bénéficiaires de la bourse dans le développement de leur projet. Ces dispositifs ont été pensés dans la perspective de la FROMCI afin de permettre à de jeunes Valaisans de développer des projets qui sauront retenir l’attention des commissions de la Fondation.
Outil de mutualisation des soutiens cantonaux et municipaux, avec l’appui déterminant de la Loterie romande, la FROMCI permettra de libérer le soutien cinématographique des cadres cantonaux trop étroits tout en rendant concret le slogan : « Notre cinéma commence en région », en l’ancrant ici.