Condamnés aux multisalles !
L’hécatombe des salles de cinéma indépendantes se poursuit en Suisse romande. À qui la faute ?
En quelques années, à Lausanne, neuf salles de cinéma à un seul écran ont fermé leurs portes : le Bourg, le Lido, l’Eldorado, l’Athénée, le Romandie, le Palace, le Richemont, l’Atlantic et le Cine Qua Non. Le Capitole, malgré la bonne volonté de « la petite Dame », ne tient debout que par miracle et persévérance. Mais combien de temps encore ? Les salles de Bex, Châtel-Saint-Denis, Morges, Aubonne et Nyon sont en sursis.Genève a déjà perdu les Cosmos, l’Alhambra, le Manhattan, l’ABC et le Hollywood. Suivront probablement d’ici à la fin de l’année le Ciné 17, Art-Ciné, le Forum et le Caméra Movie.Faut-il pleurer la disparition des cinémas de quartier ? Faut-il regretter des programmations plus recherchées, plus pointues ? Est-ce la faute des autorités municipales qui n’ont pas de sensibilité culturelle concernant le cinéma ? Si le livre n’est pas une industrie, qu’en est-il du cinéma indépendant ? Faut-il supprimer le droit des pauvres ou le reverser aux activités culturelles en difficulté ?
Faut-il imposer des quotas de films « nationaux » aux multisalles ?Est-ce la faute des distributeurs qui veulent avant tout être programmés dans des multisalles ? Ou celle de la majorité des spectateurs qui préfèrent retrouver l’atmosphère « popcornienne » lumineuse et clinquante des multisalles, plutôt que celle parfois tristounette et sombre des salles indépendantes ? Faut-il se rendre à l’évidence que la diffusion des films en salle est devenue une industrie qui ne peut être que gérée par de grands groupes ? Les télévisions nationales – diffuseurs d’images, elles aussi – sont également en main de grands groupes privés ou de l’État. Certes, un nouveau mode de consommer le cinéma sur un seul écran est né il y a quelques années : le home cinéma a fait son entrée dans nos foyers avec un choix extraordinaire de films en DVD. Cette concurrence ne peut être ignorée.