Maison de la danse – Péril en la demeure

Numéro 11 – Septembre 2006

Le projet de la Maison de la danse à Genève résulte de l’engagement et des investigations de représentants de la communauté chorégraphique genevoise, qui en ont élaboré les fondements en 1998. L’ADC (Association pour la danse contemporaine) a la charge de sa coordination et porte ce projet depuis son origine. Après plusieurs scénarios élaborés, le choix s’est porté en 2002 sur l’implantation de la Maison de la danse dans le projet du Centre socioculturel de Lancy, qui portait alors le nom de l’Escargot.

Quels sont le profil et la mission de cette Maison de la danse ? Elle comporte un équipement culturel entièrement dédié à la danse contemporaine : une salle de spectacle de 200 à 400 places, un grand plateau, trois studios et des espaces publics. Cette infrastructure est au service de la création et son développement repose sur des actions publiques, notamment la réalisation d’une saison de danse complétée par un ensemble d’activités de médiation culturelle. Dans cet esprit, les studios sont prioritairement destinés aux professionnels et à leurs créations. Ils sont toutefois ouverts aux cours et ateliers pour amateurs. Il s’agit, avec ce projet, de donner le plus de vitalité possible à ce nouvel outil, en tenant compte de ses spécificités propres et de l’environnement dans lequel il s’inscrit.

Implantée dans le quartier des Palettes à Lancy, la Maison de la danse a donc un enjeu passionnant, celui de concilier à la fois une activité artistique d’ambition régionale et internationale avec des actions de proximité.
La Maison de la danse offrirait un sacré coup de pouce à d’autres projets, en gestation ailleurs en Suisse
Aujourd’hui, le projet de la Maison de la danse est malheureusement en péril. En effet, suite au dépôt d’un référendum initié par les radicaux et les libéraux et qui s’oppose clairement au centre chorégraphique, jugé à la fois trop coûteux et inutile, les Lancéens sont invités à se prononcer le 22 octobre prochain par un vote sur le crédit d’étude, par ailleurs accepté par la majorité du Conseil municipal, pour la construction de l’ensemble du projet. Un vote négatif briserait les chances qu’a la Maison de la danse de se réaliser dans le Centre socioculturel de Lancy – qui comporterait, en plus, une bibliothèque, une salle communale et des locaux associatifs. C’est donc tout un équipement socioculturel qui sombrerait dans les oubliettes en même temps que la Maison de la danse.

Continuer, coûte que coûte

Pour contrer ce scénario catastrophe, une campagne a été lancée et un certain nombre d’actions sont d’ores et déjà en cours. Il est en effet impératif que le projet d’une Maison de la danse à Genève se poursuive, quel que soit le résultat de la votation. Si le projet essuie un refus populaire, il va falloir rebondir rapidement ! Il semblerait difficile, dans le cas d’un vote négatif, d’avoir immédiatement des personnalités ou partis politiques qui soient prêts à défendre fermement une nouvelle implantation de la Maison de la danse.

Un vote négatif pourrait en outre toucher le développement positif qui accompagne depuis quelques années la politique culturelle concernant la danse. Nous venons de vivre ces trois dernière années – en particulier en Ville de Genève, mais également au niveau du canton et plus généralement en Suisse, une incroyable prise de conscience des besoins de la danse indépendante. À Genève en particulier, le travail autour du projet de la Maison de la danse n’a pas été étranger à cette prise de conscience. Pour ne citer qu’un exemple : en Ville de Genève, les moyens financiers pour la danse contemporaine sont passés de 600’000 francs à 1’350’000 francs en trois ans.

Par ailleurs, au Département des affaires culturelles de la Ville, un poste à temps partiel de délégué culturel pour l’art chorégraphique a été créé afin de dessiner une politique plus cohérente pour la danse. Alors que les besoins changent et que les revendications des uns et des autres sont légitimement d’une autre nature, les moyens financiers ne vont pas vers une évolution croissante. La construction d’une Maison de la danse ouvre des perspectives et oblige à une réflexion à la fois positive et évolutive sur le territoire genevois. Mais la concrétisation de cette infrastructure tant attendue depuis huit ans offrirait enfin un sacré coup de pouce à un certain nombre de projets qui sont en gestation dans différentes villes et qui peinent à trouver une légitimité, faute d’un modèle existant solide.

Discours simpliste

Nous avons, pour notre projet, reçu des garanties de soutien de la part de la Ville et du canton de Genève en ce qui concerne la prise en charge de 75% du crédit de fonctionnement annuel de la Maison de la danse. C’est dire que nous n’arrivons pas les mains vides ! Mais le pronostic reste très difficile à formuler quant à l’issue de cette votation. Un constat peut toutefois déjà être posé : notre projet n’a pas réussi à trouver un consensus au sein du Conseil municipal de Lancy. Nous avons beaucoup travaillé sur l’idée que la Maison de la danse s’inscrit sur un territoire et qu’elle fait écho au projet d’une conférence culturelle – soit la réunion des forces de différentes villes, une idée qui va aujourd’hui de soi dans différentes régions de Suisse mais qui peine à se concrétiser à Genève.
Un « non » le 22 octobre jetterait aux oubliettes l’entier du projet de Centre socioculturel
Les détracteurs du projet ne considèrent malheureusement pas les engagements financiers pris par la Ville et le canton comme valables. Ils ne se sentent pas concernés par la question de politique culturelle générale que pose ce projet. Le discours simpliste qu’ils déploient affirme que la danse concerne une élite très éloignée des préoccupations de leurs concitoyens.

L’urgence aujourd’hui réside dans la mobilisation du milieu de la danse locale, fortement sollicité. Des listes de soutien au projet circulent et, s’il est primordial de convaincre les Lancéens, il est important aussi de fédérer un maximum de personnes autour de notre projet, sans quoi la situation risque de se figer au lieu d’évoluer.


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