Témoignages d’artistes

Numéro 20 – Décembre 2008

Au 1er décembre, déjà 180’000 signatures ont été récoltées, dont la moitié pour la seule Suisse romande. La campagne n’est pas encore terminée. Le but reste toujours de pouvoir déposer 200’000 signatures à Berne ce printemps. Profitez de ces prochaines semaines pour faire signer autour de vous et renvoyer rapidement les formulaires au Comité d’initiative Pour des jeux d’argent au service du bien commnun • Case Postale 5735 • 1002 Lausanne

Marielle Pinsard

Auteur & metteur en scène, Lausanne

« Comme dirait Wikipédia : ‹ Un jeu de hasard est un jeu dont le déroulement est partiellement ou totalement soumis à la chance. Celle-ci peut provenir d’un tirage ou d’une distribution de cartes, d’un jet de dé, etc. Lorsque le jeu est totalement soumis au hasard, on parle de ‹ jeu de hasard pur ›. Lorsque le joueur doit déterminer son action en fonction d’événements aléatoires passés ou futurs et de probabilités, on parle plus volontiers de ‹ jeu de hasard raisonné ›.
Et comme je dirais, lorsque un metteur en scène monte une pièce, on peut parler de ‹ suppression du hasard ›.
Notre métier a une grande valeur, demande beaucoup de travail et de temps et ne peut pas être rémunéré uniquement par les entrées ou les instances communales et cantonales du pays.
Hardi donc : ne laissons pas le jeu s’en aller avec les jeux ! »


Marie-Eve Mathey-Doret

Comédienne, Lausanne

« Qu’on soutienne la culture, qu’on en détienne un brin ou qu’on la représente carrément, elle nous échappe comme une amante rescapée de toute définition majoritairement approuvée. On sait juste que, sans elle, on vivote mais on ne vit pas. Elle seule a le don de révéler des possibles, où par exemple ‹ pourchasse ta racine › donne envie de faire l’amour sans savoir pourquoi, où les espaces s’accélèrent, où des voix d’hommes et de femmes deviennent des ombres réconfortantes.

La culture crée des coulisses parallèles au monde visible. À rebrousse-poil d’une société préfabriquée où chacun se retrouve prédéterminé (avant même d’être miné…), elle provoque des craquelures qui redonnent un peu de mouvance à notre esprit. Car celui-ci est subtil et il a faim. Contrairement aux nombreux discours réducteurs qu’il mange tous les jours malgré lui, elle lui donne de la vraie nourriture, faite de textures diverses et de couleurs nuancées. Une matière complexe permettant à nos fines et éphémères têtes de se bouger dans différentes directions.

Léo Ferré disait ‹ Le problème avec la morale, c’est que c’est toujours la morale de l’autre ›. J’aime bien cette phrase. Pour sortir du contexte doucement moralisateur et hautement hypocrite dans lequel certaines politiques aiment à voir patauger les citoyens, un bon remède, à mon sens, est de se serrer les coudes pour protéger la culture. Elle. Cette informe et majestueuse inspiratrice de vies. »


Laurent Delaloye

Président de l’Association des Musées de Pully

« Sans vouloir chercher le jeu de mot pour le jeu de mot, sans la Loterie, la culture serait une belle loterie, justement ! L’Association des Musées de Pully, que je préside, a pris le pari de soutenir la création qui se situe entre l’école et la notoriété. Pari audacieux qui ne pourrait que difficilement être tenu sans l’appui fidèle et massif de la Loterie Romande. Merci à elle, merci pour eux. À ce débat passionnel, je préfère la parade émotionnelle et artistique. Ne soyons donc pas celui qui regarde le doigt quand le sage montre la lune ! »


Sandra Gaudin

Comédienne & metteur en scène, Lausanne

« Naïvement, je n’ai jamais compris pourquoi il y avait débat sur le bien-fondé d’une loterie qui soutient le bien commun. Si elle pallie le rôle de l’État qui ne cesse de nous dire qu’il manque de moyens, si elle répartit sérieusement ses biens, si (dans notre cas) elle soutient la culture suisse pour l’inviter à se créer une identité… Le jeu permet que la musique, le football, les poètes soient joués et les problèmes sociaux déjoués, alors où est le problème ? Quel intérêt y aurait-il pour la collectivité et l’État à laisser les bénéfices dans les mains d’un ou deux groupes privés ?

L’art n’est pas une loterie, mais la loterie permet à l’art d’exister en Suisse. Dans nos budgets, sans la Loterie, c’est comme si on arrêtait la pièce avant que Roméo et Juliette ne se soient rencontrés… c’est un salarié au lieu de deux… c’est impossible. Et puis, c’est assez joli de se dire qu’on joue des chiffres pour les transformer en musique, en image et en spectacle. On se sent déjà moins perdants. »


Léonore Easton

Performeuse & galeriste à l’espace Doll, Lausanne

« Grâce à ses dons généreux à des espaces d’art tels que Doll, la Loterie Romande contribue de manière conséquente au soutien à la jeune création en arts visuels en Suisse romande. Sans cette aide d’importance, leurs activités seraient remises en cause. En tant que performeuse, je suis consciente de la valeur de ces lieux qui offrent des espaces d’exposition et une visibilité à de jeunes artistes à un moment charnière de leur carrière artistique. »


Léonore Veya

Responsable de l’École de photo de Vevey

« Comme dans bien d’autres domaines de la culture, la Loterie Romande apporte une aide importante et concrète aux jeunes photographes, qu’il s’agisse de soutiens directs à des projets indépendants ou à des institutions et des manifestations qui leur offrent une première opportunité de présenter leur travail. Ainsi, cet apport désintéressé et conséquent contribue à l’inscription durable de nouveaux arrivants dans le champ de la photographie professionnelle. »


Mali Van Valenberg

Comédienne, Sierre

« La Loterie Romande est le seul jeu où tous les billets sont gagnants. En lots : la création de spectacles professionnels ou amateurs, l’épanouissement du 7e Art, le soutien aux festivals, aux expositions, aux diverses institutions culturelles et sportives etc. Elle est l’un des plus importants piliers financiers de notre patrimoine culturel.

Nombreux sont les projets qui ont pu voir le jour grâce à la Loterie, non seulement artistiques, mais aussi dans le domaine de l’environnement et du social. Nous en profitons tous chaque jour. Je souhaite donc que la tradition dominicale Croissants-Journal-BILLET-À-GRATTER soit perpétuée dans chaque foyer ! »


Olivier Guibert

Comédien, Morges

« Un grand merci à la LoRo de nous aider à pouvoir continuer de créer et d’œuvrer pour l’humanité. »


Philippe Neyroud

Comité de l’Espace Guinguette, Vevey

« Utilité publique…
Si nos campagnes et nos – petites – villes peuvent se targuer loin à la ronde d’une telle vigueur culturelle et sociale, c’est aux loteries et à leur soutien que, principalement, nous le devons. Il m’est impossible d’imaginer démanteler un tel système, et ce serait même dangereux pour notre identité, notre cohésion régionale, voire nationale.…

vs utilité privée !
Ouvrons la boîte de Pandore, laissons à des gestionnaires le soin de dire non à la création et à l’expression artistique et sociale, de quelque forme qu’elle soit, sous prétexte qu’elle n’est pas immédiatement profitable et qu’un pool d’actionnaires est mécontent de ses trop faibles dividendes… Y a-t-il quelqu’un pour croire encore à la philanthropie des lois du marché libéralisé ? »


Lucienne Lanaz

Réalisatrice, Grandval

« Il m’arrive d’acheter un billet de la Loterie Ro­mande. Je le gratte avec plaisir en espérant à chaque fois, évidemment, gagner le gros lot pour mieux vivre et éventuellement réaliser mon prochain film de rêve. Jusqu’à ce jour, cela n’a malheureusement pas été le cas, mais je sais qu’actuellement, en achetant un billet de la Loterie Romande, mon argent va au secours des rêves sportifs, culturels ou sociaux. Aurais-je encore envie de gratter un billet de loterie en sachant que mes sous passent dans les dividendes des actionnaires ou dans les méandres administratifs ? Les fonds de la Loterie Romande doivent absolument subsister afin qu’ils puissent continuer de contribuer au bien public. Pour ce faire, il faut impérativement soutenir l’initiative populaire sur les loteries. »


Mathias Gautschi

Musicien, La Chaux-de-Fonds

« La culture, c’est comme la confiture, moins on en a, moins on peut l’étaler : les artistes sont une carte de visite aussi valable que les banques ou le chocolat ! »


Philippe Macasdar

Directeur du Théâtre St-Gervais, Genève

« Garder le bénéfice du jeu au bénéfice du jeu, voici une bonne raison pour les artistes s’exprimant par le théâtre en Suisse de soutenir l’initiative de la Loterie. Un tsunami lobbyiste ultra-libéral tente actuellement de détruire les monopoles des loteries, pour que quelques grands groupes internationaux puissent se les approprier, du fait de leur puissance économique. Il s’y emploie en tout cas partout où il y a beaucoup à gagner (aux États-Unis et en Europe notamment). L’enjeu de cette appropriation n’est pas inintéressant. Vu de Suisse, où le rapport à l’argent est particulier, comment faire comprendre à chacun ce qui est sur le point d’être volé ?

La part des mises des joueurs qui ne sert pas à récompenser les gagnants ne doit pas gonfler les revenus de grands groupes internationaux, mais rester une façon originale d’alimenter divers domaines d’utilité publique, notamment la culture en général et le théâtre en particulier.

Miser sur un chiffre, une combinaison, y investir un peu d’argent, n’est pas qu’un jeu : c’est acquérir une part de rêve, l’espoir d’être soudain distingué par la chance. Redistribuer ce qu’il reste de la part de ce rêve dans une dimension culturelle est une transformation de valeur à ne pas négliger. Car ce mode de subvention culturel n’est pas seulement un palliatif aux faiblesses des budgets municipaux et cantonaux. Il constitue un agent de soutien culturel particulier, tout à fait caractéristique en Europe, fruit d’une longue histoire, et sans doute aussi de la complexité des systèmes politiques juxtaposés de chaque canton.

Sa qualité d’exception culturelle mérite d’être défendue, d’autant plus qu’il a une réelle fonction réconciliatrice, par sa capacité de large répartition. Plus encore, il suit le territoire du rêve : dans les cantons les plus joueurs, les bénéfices sont répartis en proportion, offrant les moyens aux artistes d’apporter à leur tour leur part de rêve. Car l’argent distribué par la Loterie donne des moyens d’agir, offrant un peu d’espace, un peu de ‹ jeu ›, à l’action théâtrale. Exceptionnellement ici, le jeu gagne un peu de jeu au jeu. »


Daniel Calderon

Réalisateur/producteur & président de Fonction Cinéma, Genève

« Les seuls gagnants réguliers au jeu en Suisse romande, ce sont les associations sociales, culturelles, ou sportives. Les cinéastes, entre autres, ont toujours été soutenus par la Loterie Romande. Mes deux derniers documentaires ont bénéficié de cette aide… La nouvelle salle de cinéma digital de Fonction : Cinéma, à Genève, a été sponsorisée en grande partie par la Loterie Romande. »