Artistes et sportifs, un objectif commun

Numéro 14 – Juin 2007

Par Christophe Arnould et Frédéric Gonseth

L’étude des contributions financières de Swisslos et de la Loterie Romande montre que le sport de masse, la formation des athlètes et des entraîneurs, ainsi que la construction d’installations sportives ouvertes à tous risquent, comme les milieux culturels, de souffrir gravement des dangers qui pèsent sur les sociétés de Loteries. Et si, dans l’adversité, artistes et sportifs unissaient leurs forces ?

En Suisse, les cantons sont chargés de la mise en place du sport des jeunes et de la promotion du sport dit de masse (par opposition au sport d’élite). Les cantons financent presque en totalité ce sport de masse (plus de 110 millions de francs par année) grâce aux moyens financiers du secteur des loteries et paris. Alors que ces moyens sont essentiellement générés par les deux grosses sociétés de loteries régionales Swisslos (en Suisse alémanique, romanche et italienne) et la Loterie Romande (en Suisse romande) en relation avec les cantons, la responsabilité de la répartition des moyens financiers destinés au sport est principalement du ressort de la Société du Sport-Toto. Cette dernière s’assure de l’utilisation correcte des moyens par les bénéficiaires et du respect des droits exclusifs des cantons dans le secteur des loteries et paris.

La fin des paris

Ainsi, la Société du Sport-Toto est la seule institution suisse au sein de laquelle toutes les associations sportives de notre pays (directement ou indirectement) et tous les cantons sont représentés. Jusqu’à présent, la Société du Sport-Toto dépendait exclusivement du bénéfice des paris sportifs et de contributions contractuelles des deux sociétés de loterie. La Société du Sport-Toto, Swisslos et la Loterie Romande ont décidé d’un commun accord que la Société du Sport-Toto participerait au résultat global de tous les produits des sociétés de loterie suisses.
De cette façon, le sport suisse a l’assurance de bénéficier de ressources importantes.

En contrepartie, la Société du Sport-Toto a renoncé à organiser des paris sportifs. Ce sont les deux sociétés de loterie Swisslos et Loterie Romande qui les exploitent. Il s’ensuit que, dès le 1er janvier 2007, la Société du Sport-Toto n’est plus responsable des paris sportifs, mais elle assume de nouvelles tâches.

En renonçant à l’obtention de fonds, la Société du Sport-Toto se conforme à un principe de base du nouveau concordat sur les loteries et les paris mis en place par les cantons. Celui-ci demande que la surveillance, l’obtention et la répartition des fonds soient indépendantes et que leur affectation soit transparente.

Nouvelle convention

Ces nouvelles dispositions permettront aux associations bénéficiaires de disposer de plus de ressources à l’avenir, les résultats des deux sociétés de loterie ayant connu une évolution positive ces dernières années. Au vu des résultats enregistrés par Swisslos et par la Loterie Romande en 2005, la contribution à la Société du Sport-Toto augmenterait de 21,9 millions à environ 29 millions de francs. Cependant, l’exercice 2007 sera le premier exercice déterminant. Les deux sociétés de loterie tablent sur des résultats comparables à ceux de 2005.

La Société du Sport-Toto, Swisslos et la Loterie Romande ont conclu dans un premier temps une convention pour une durée de dix ans. Celle-ci est entrée en vigueur avec effet rétroactif au 1er janvier 2007.

Depuis lors, la Société du Sport-Toto se charge avant tout de distribuer les produits des paris sportifs et les aides des loteries suisses à Swiss Olympic, à l’Association suisse de football/Swiss Football League, à la Ligue suisse de hockey sur glace/la ligue nationale de hockey sur glace et de s’assurer que les bénéficiaires fassent un usage adéquat des fonds reçus.

Swiss Olympic est l’association faîtière des fédérations sportives suisses. Elle encourage le sport suisse pour l’amener au meilleur niveau international. Le travail de Swiss Olympic commence à la base en contribuant à une véritable culture du sport de la relève en suisse. De jeunes enfants, âgés de six à sept ans, qui présentent des capacités sportives supérieures à la moyenne, sont recherchés, et grâce à une promotion de base multisports, ils sont progressivement guidés vers leur spécialité sportive. Cette offre est déjà présente dans les cantons de Bâle-Campagne, Bâle-Ville, des Grisons, et nouvellement également dans le Tessin. Dans la ville de Zurich, tous les élèves de première année ont été testés pour la première fois en 2006.

Le soutien de Swiss Olympic se poursuit dans les écoles qualifiées, proposant une offre de cours spéciale pour les talents sportifs. L’objectif consiste à coordonner au mieux l’offre de formation avec le calendrier des entraînements et des compétitions.
L’association met également en place des accords de prestations avec les fédérations sportives pour encourager les athlètes en vue de leur sélection aux Jeux olympiques.

Antidopage, antitabac

L’objectif est atteint lorsque Swiss Olympic finance le voyage et l’hébergement des athlètes aux Jeux olympiques et verse des primes de succès aux athlètes diplômés et médaillés. Les résultats sont spectaculaires en 2006 avec les 14 médailles et 24 diplômes pour la délégation suisse aux Jeux de Turin.L’argent des sociétés de Loteries sert également à financer la prévention pour « un sport sans fumée », des campagnes « contre les abus sexuels dans le sport » et la lutte antidopage. L’ensemble de ce travail s’inscrivant dans le cadre d’une Charte d’éthique du sport.

Mais le soutien ne se cantonne pas à l’élite des jeunes talents et aux sportifs d’élite. L’offre concerne aussi largement le grand public et le sport de masse. Swiss Olympic contribue à l’organisation d’une dizaine de manifestations telles que le Gigathlon 2006, qui a vu près de 5 000 participants s’affronter de Genève à Berne en passant par la Chaux-de-Fonds. Les fonds du Sport-Toto servent également à financer en partie les infrastructures sportives : 88 millions de francs ont été investis dans des projets d’infrastructures de masse destinées au grand public.

La Société du Sport-Toto est avec Swisslos et la Loterie Romande le promoteur n°1 du sport en Suisse. Depuis sa fondation en 1938, la Société du Sport-Toto a investi près de 2 milliards de francs dans le sport suisse.

Cette réalité est malheureusement peu connue du grand public. Le plus préoccupant reste cependant que même les organisations bénéficiaires ignorent souvent que le sport suisse est pour sa grande majorité financé par la Société du Sport-Toto et les loteries suisses. Il est vrai que la SST, en tant qu’institution d’utilité publique, avait adopté par le passé une politique de communication effacée. Peu à peu, les dizaines de millions des subsides annuels sont devenus une évidence aux yeux de certains bénéficiaires. Mais les choses vont changer.

Menaces

La Société du Sport-Toto est depuis peu menacée de toutes parts par des opérateurs étrangers de paris. Bien que ces derniers enfreignent la loi sur les loteries en Suisse, des millions de francs coulent dans les caisses de ces opérateurs privés. Ces moyens sont perdus pour le sport suisse, en particulier le sport de masse. Il est du devoir de la Société du Sport-Toto de veiller à ce que le sport suisse continue à bénéficier du même soutien que par le passé. Dans cette tâche, le soutien de tous les bénéficiaires et des cercles politico-sportifs est indispensable.

Les sportifs suisses ont donc une préoccupation commune avec les artistes. Défendre la vitalité et le gigantesque travail d’utilité publique fait par les sociétés de Loteries. On pourrait dès lors imaginer que sportifs et artistes se tendent la main pour unifier leurs efforts dans ce combat pour l’utilité publique. Les associations bénéficiaires de Suisse alémanique doivent également être informées, comme le public alémanique, de l’immense contribution des Sociétés de Loteries à la vie sociale, sportive et artistique. La Loterie Romande a su le faire à tel point que 95% de la population romande connaît sa mission.