Un franc pour la SSR est un franc pour la cohésion de la Suisse

Numéro 56 – Décembre 2018

L’initiative populaire « NoBillag » constitue un véritable danger pour la Suisse. En voulant supprimer la redevance audiovisuelle de réception radio et télévision en Suisse, elle s’en prend à l’existence même de notre service public. Soyons-en sûrs : la SSR ne survivrait pas au choc de l’abolition de la redevance, contrairement à ce qu’affirment les initiants. Elle disparaîtrait, et avec elle environ 6’000 emplois. En un dimanche de votation, on tirerait un trait définitif sur SRF, RTS, RSI, RTR et Swissinfo, aussi bien la radio que la télévision. C’est pour éviter ce naufrage qu’il faut rejeter l’initiative NoBillag.

Certes, les voix favorables à cette initiative néfaste prétendent tout le contraire. Les initiants estiment que la SSR pourra se maintenir à flot en augmentant ses recettes publicitaires. Mais un simple coup d’oeil à la réalité des faits permet de désarmer cette argumentation. Aujourd’hui, la redevance représente 75% des revenus de la SSR. Il lui serait impossible de rattraper un tel manque à gagner via les revenus publicitaires, même en coupant brutalement dans les prestations. Si on supprime la redevance, on condamne du même coup la SSR. On le voit, l’initiative NoBillag est en réalité une initiative NoSSR.

Le coup porté aux régions francophones et italophones de la Suisse serait particulièrement dévastateur. Ces régions n’ont pas la taille critique nécessaire pour pouvoir financer par ellesmêmes des radios et télévisions suprarégionales, même en introduisant une redevance romande et une redevance tessinoise. La Suisse romande et le Tessin profitent de la solidarité de la Suisse alémanique, qui leur verse une partie de la redevance récoltée outre-Sarine.

Mais la suppression pure et simple de la redevance impliquerait également un grave affaiblissement des radios et télévisions privées qui peuplent le paysage médiatique de notre pays. N’oublions pas que ces entités profitent chaque année de plusieurs dizaines de millions de francs de subventions fédérales, prélevées sur le montant de la redevance. Sans ce soutien de taille, presque aucune télévision privée de la Suisse ne pourrait se maintenir et les radios privées se retrouveraient dans une situation précaire. D’innombrables emplois sont ici aussi dans la balance.

L’initiative NoBillagest en réalité une initiative NoSSR
Et que dire du cinéma suisse ? Ce dernier profite chaque année d’environ 40 millions de francs, versés sur le montant de la redevance en vertu du «pacte de l’audiovisuel», par lequel la SSR soutient la création cinématographique suisse. Ce domaine soumis à une rude concurrence internationale est tributaire de ce soutien. Et la Suisse entière profite des succès cinématographiques produits sur son sol par des artistes du cru.

Le service public radiophonique et télévisuel est une richesse importante pour notre pays. Il apporte une plus-value indéniable à notre société. D’abord, la SSR est un formidable vecteur de cohésion pour notre pays. Elle met en valeur les spécificités de nos cultures et de nos régions linguistiques. Elle soude les communautés de la Suisse. Ensuite, la SSR renforce notre démocratie, en offrant une plateforme d’information neutre qui permet à nos citoyens et citoyennes de former leur opinion sur les sujets politiques. Enfin, la SSR structure notre société, car c’est à travers les canaux du divertissement et de l’information qu’une communauté négocie chaque jour un nouveau contrat social. Bref, chaque franc investi dans la SSR est un franc investi pour la cohésion de la Suisse.

Maintenons donc un service public de qualité, doté des moyens nécessaires pour assurer sa mission importante. Le 4 mars 2018, je voterai Non à NoBillag.

2500 Nombre de films soutenus par la SSR depuis la création du Pacte de l’audiovisuel en 1997

13,3 millions de francs somme versée aux artistes pour les droits d’auteurs par la RTS

605,1 millions de francs Dépenses de la SSR pour le domaine de l’information en 2016, 39 % de son budget

43 % part féminine des collaborateurs de la SSR