Monsieur le Ministre de la Culture,

J’aurais aimé cette semaine avoir un Ministre de la Culture qui nous aurait dit que nous pouvions compter sur lui, que ces mesures qui remettent en question notre capacité à créer, à vivre de nos métiers, à travailler, tout simplement, seraient assorties de soutiens financiers adéquats. Vous auriez ajouté, Monsieur le Ministre de la Culture « Ce matin, nous avons beaucoup parlé de finances, de millions de francs, de virgules, de pour cent, et nous avons peut-être trop peu parlé de l'importance de la culture pour notre pays. … Il y a donc la culture, ce lien entre nous, mais il y a aussi les questions économiques que j'ai traitées tout à l'heure. »1

Parlons-en de ces questions économiques. Comment est-il possible, pour une grande partie de lieux culturels, de continuer à offrir aux publics des moments de partage dans ces conditions ? Et, partant, comment est-il possible pour les artistes et les acteur.e.s culturels de continuer à travailler ? Certains choisissent de le faire, d’autres sont dans l’impossibilité de le faire, ou aussi parfois, trop accablés par la succession des plans de protection, des mesures sanitaires, des difficultés économiques, pour trouver la force là, tout de suite, de continuer. Ils méritent tous notre soutien. Votre soutien.

Vous auriez pu dire : « Durant cette crise, la passion des artistes, techniciens et représentants du monde de la culture, qui ont su constamment se réinventer, n’a jamais faibli et c’est moi qui ce soir désire les applaudir. »

C’est beau, Monsieur le Ministre ! En vous lisant pendant un instant j’ai retrouvé ce qui nous liait, avant. J’avais envie, Monsieur le Ministre, de vous retrouver. Je me suis souvenue de ces moments de partage où vous nous disiez : « On ne parle d'ailleurs jamais assez de tous ces métiers qui font le théâtre : les régisseurs, les accessoiristes, les sonorisateurs, les costumiers, les maquilleurs, les coiffeurs, les machinistes, les cintriers, les guichetiers et les placeurs, sans lesquels jamais un rideau ne trouverait la force de se lever. »

Alors j’ai décidé de prendre la plume et de vous écrire. Vous écrire pour vous dire que nous attendons, Monsieur le Ministre, que vous retrouviez cette flamme, cette envie de culture, qui vous donnait envie d’applaudir. Si vous souhaitez, comme nous, que nous puissions être encore là au moment où les artistes et le public pourront enfin se retrouver, il va falloir des actions déterminées et un soutien sans faille. Il va falloir des moyens, certes, mais aussi nous écouter. Entendre ce que nous avons à vous dire. Nous ne pouvons pas accepter d’entendre que « toutes les entreprises culturelles ne pourront pas survivre à cette deuxième vague »2. Nous vous demandons d’être à nos côtés, déterminé, et si vous ne vous levez pas pour nous applaudir, donnez-nous les moyens de survivre.

1 Toutes les citations sont de Alain Berset, Conseiller Fédéral
2 Isabelle Chassot, directrice de l’OFC le 30 octobre 2020