Neuchâtel : manque de salles à répétition
Pour les compagnies de théâtre indépendantes, qui par définition ne sont pas associées à un théâtre, l’une des principales difficultés est de trouver un lieu de répétition. Depuis quelques années, la situation s’est particulièrement dégradée et les indépendants de la scène peinent à se loger. Les causes premières de ce problème sont l’actuelle crise économique et celle du logement.
La ville de Neuchâtel ne fait pas exception à cette tendance. En juin 2010, le quotidien neuchâtelois L’Express[1] relatait qu’une dizaine de locaux de répétition loués à des associations et des artistes avaient été détruits. En contrepartie, seuls trois nouveaux lieux étaient mis à disposition par la Ville, entraînant un manque certain pour les compagnies. Celles-ci doivent à présent faire preuve d’une multitude de ressources pour dénicher des endroits adaptés à la préparation d’un spectacle.
Patrice Neuenschwander, délégué culturel de la Ville, admet que « la situation est tendue » et que « le besoin d’ouvrir à Neuchâtel une maison de la culture se fait aujourd’hui sentir ». L’une des solutions temporaires envisagées serait d’utiliser une ancienne caserne de police dont les bâtiments sont actuellement inoccupés. Pour le futur, il pourrait être envisageable de suivre l’exemple de la Chaux-de-Fonds qui a su gérer cette difficulté. En effet, depuis 2008, l’association Inter-du-Mitan, regroupant les troupes indépendantes chaux-de-fonnières, gère une maison qu’elle loue à un prix symbolique. Malheureusement, la situation immobilière de Neuchâtel ne permet pas de faire de même. À l’heure où nous mettons sous presse, les autorités de la Ville sont bien conscientes du problème et en discuteront encore lors du conseil communal du 7 novembre prochain.
Si cette carence de lieux de création perdure, elle entraînera la disparition des compagnies qui les faisaient vivre.
Cette pénurie de lieux de répétition est présente partout en Romandie. À Lausanne, au Pulloff Théâtre, une salle de répétition a été construite dans le but de répondre à la demande. Les Genevois connaissent la même situation : le collectif de la Parfumerie, par exemple, n’est pas certain de son avenir. Le projet d’extension de l’Hôtel de police menace leur théâtre sans qu’il n’ait l’assurance d’être relogé. Si les autorités romandes souhaitent une vie culturelle et théâtrale digne de ce nom, elles ne doivent pas oublier que cela exige des espaces nécessaires à la création artistique et à la formation de troupes. Patrick Mohr, directeur du Théâtre Spirale de Genève, déclare à juste titre qu’« en tuant un lieu, on tue aussi les compagnies »[2]. Ainsi, si cette carence de lieux de création vient à perdurer, elle entraînera immanquablement la disparition des compagnies qui les faisaient vivre.
[#1] Virginie Giroud (17.06.2010). Le pavillon scolaire du château, provisoire depuis… 1965, sera démoli in L’Express/L’Impartial
[#2] Cécile Della Torre (12.10.2011). Quel parfum d’avenir pour le Théâtre de la Parfumerie ? in Le Courrier