Édito n°35, septembre 2012 – …En ligne.

Numéro 35 – Septembre 2012

Mon fils, né dans les années 80, a découvert le cinéma en noir et blanc bien après avoir connu les films en couleur et les jeunes, nés dans les années 2000, ont découvert les écrits sur papier dans les livres bien après avoir été allaités par les images proposées sur l’écran de leur télévision ou plongés dans celles de leur ordinateur. Ils ont de la peine à imaginer qu’il ait pu exister, il y a peu d’années seulement, un monde sans Internet.


Internet a révolutionné nombreux de nos comportements en accélérant la diffusion des informations mais aussi en créant des communautés à l’échelle planétaire.

Comment imaginer aujourd’hui les transferts financiers de toutes les bourses du monde sans Internet ? Et comment dans le cas des manifestations et des renversements du pouvoir dans les pays nord-africains et moyen-orientaux ne pas tenir compte de la force qu’a donnée cet outil, pour ne pas dire cette arme, aux révoltés ? Avec Internet la barrière des langues s’estompe, et il est possible, où que l’on soit dans le monde, de partager des données et de participer simultanément avec quantité d’autres personnes à la création, à la programmation et au développement de projets tels que, entre autres, Wikipédia, SETI (recherche de la vie intelligente extra terrestre) ou BOINC (recherche scientifique partagée).

Vous présenter un dossier sur l’usage d’Internet aujourd’hui se révèle un trop vaste sujet pour l’aborder en quelques pages. C’est pourquoi nous avons choisi de nous concentrer sur deux thématiques qui découlent inévitablement de cette nouvelle manière d’aborder et d’affronter la réalité qui nous entoure grâce à ce moyen, à ce « véhicule » omniprésent aussi bien dans notre vie privée que dans nombreuses de nos activités professionnelles.

Le premier sujet, développé par Anne Cuneo et Vincent Arlettaz, pose la question de l’opportunité ou du danger d’avoir recours à Internet pour la recherche d’informations, de la fiabilité des sources et de la durabilité des contenus qu’on y trouve. De moins en moins de personnes contestent l’utilité de cet outil, mais encore faut-il savoir l’utiliser à bon escient et se créer un mode d’emploi personnel afin d’éviter de se laisser déborder par une utilisation chronophage. Le recours systématique à Internet comme seule source d’informations permet certes d’avoir accès en quelques clics à de très nombreuses références mais n’en faire que le seul instrument de recherche pourrait réduire la diversité d’informations effectivement utilisée ou partagée par les internautes. Avec Internet on lit davantage, on lit plus vite, mais prend-on encore assez de temps pour la réflexion ?

Le second propos, traité par Luc Recordon et Christian Campiche, affronte la situation actuelle des journaux pris et coincés entre leur maintien de parution sur papier et/ou leur passage « on line ». Certes les frais d’un journal numérique sont infiniment plus raisonnables que ceux d’une publication classique liés aux coûts du papier, de d’imprimerie et du transport. Mais lit-on plus volontiers les nouvelles sur papier ou sur écran ? Ou n’est-ce qu’un point de vue générationnel ? Il faut reconnaître, qu’étant donné le coût inférieur de fabrication et de diffusion d’une nouvelle « en ligne », ce nouveau moyen de production peut être mis à la portée d’un plus grand nombre. L’utilisation d’Internet permet de re-démocratiser la circulation d’informations qui sont souvent mises sous le boisseau par les grands groupes de presse proches du pouvoir politique ou économique. Ne souffrons cependant pas d’angélisme. Cette nouvelle manière de diffuser l’information peut être aussi sujette à toutes les manipulations.