Édito n°39, septembre 2013

Numéro 39 – Septembre 2013

Quand, à l’occasion d’un récital de Jazz à l’étranger, mon voisin de concert apprend que je suis suisse, il me cite aussitôt avec émerveillement le Festival de Jazz de Montreux comme d’autres me nommerait le Cervin. Certes cette grand-messe de la musique, créée en 1967 par Claude Nobs, le pianiste de jazz Géo Voumard et le journaliste René Langel, a été jusqu’en 1976 un vrai festival de jazz. Par la suite, il s’est élargi à d’autres expressions musicales, le Jazz n’occupant dorénavant qu’une partie de cette fantastique kermesse internationale qui, en 2013, a attiré à Montreux 250’000 visiteurs.

Si, pendant 10 ans, Montreux a été le grand rendez-vous des fans de Jazz, il faut aussi se souvenir qu’avant lui le Jazz Festival de Zurich fut, de 1951 à 1973, un lieu quasiment œcuménique de rassemblement et d’échanges de tout ce que la Confédération helvétique comptait comme musiciens de jazz ; dans une atmosphère confraternelle de compétition pour l’amour de la musique. « Malgré l’exiguïté de son territoire et une population relativement modeste sur le plan démographique, la Suisse constitue un terreau fertile pour cette musique » constate Serge Wintsch. « Sa situation au cœur de l’Europe en a fait une plaque tournante séduisante pour les initiatives musicales et un lieu de résidence privilégié pour les musiciens. Si on ne trouve pas de mouvement spé­cifique de Jazz en Helvétie, on peut par contre y rencontrer un riche parterre d’individualités. »

Vincent Arlettaz nous rappelle qu’« un des premiers Européens à découvrir le jazz fut un musicien classique, le chef d’orchestre suisse Ernest Ansermet, au cours de sa première tournée aux USA en 1916. Deux ans plus tard, le même Ansermet publiait dans la Revue Romande un des tout premiers textes commentant l’avènement de ce phénomène nouveau, alors à peine sorti des quartiers populaires de la New Orleans, créant  ainsi une véritable fascination éprouvée par de nombreux musiciens classiques à l’égard du jazz. »

Ce jazz créatif venu de tous les horizons géographiques trouve sa base et sa vigueur dans l’improvisation et les grooves ouverts aux cultures les plus diverses sans exclusivité de style, une musique pour s’amuser, pour s’éclater « mais aussi, à partir des années 1960, une musique que l’on commence à écouter plus sérieusement quand elle est l’œuvre d’Ornette Coleman ou d’Albert Ayler » confie Archie Shepp au cours de sa rencontre avec Anne Cuneo. Ce jazz qui prend une dimension politique sous les accords de John Coltrane et les notes bleues d’Archie Shepp.

Et pour ouvrir ce dossier sur cette musique du cœur que l’on joue d’abord avant éventuellement de la coucher sur le papier, Gabriel Décoppet, rédacteur en chef de One More Time, nous propose (son) histoire du Jazz. « Pour aimer le jazz “pur”, dit-il, et pour y retourner à sa guise, il faut aussi écouter autre chose. S’ouvrir les tympans. Il y a du bon rap, du bon hip hop, du bon funk, de la bonne soul, puisque le jazz y est omniprésent. Il faut retourner aux sources certes mais s’éclater d’abord ! Il n’y a pas de compréhension du jazz d’aujourd’hui sans curiosité, sans un éveil permanent. »


Adapter en Suisse le droit d’auteur à l’état actuel des technologies de pointe de diffusion n’est pas une mince affaire. C’est à cette tâche qu’un groupe de travail (AGUR12) a été mandaté par les autorités fédérales. Nous avons demandé à Denis Rabaglia, auteur, Directeur de la SSA et membre de cette commission, de nous éclairer sur les possibilités de défense du droit d’auteur face à la piraterie. Mais également sur la reconnaissance de ce droit comme faisant partie de la propriété intellectuelle au même titre que celle qui protège les industries pharmaceutiques. La notion de droit d’auteur n’est pas encore inscrite dans l’esprit de tout un chacun.

Et si dès l’école on n’apprend pas aux enfants qu’un film, un tableau, une musique ou un livre sont des œuvres que l’on doit à des « auteurs » qui ont des droits, il ne faut pas s’étonner s’ils deviendront naturellement très vite des « pirates » sans se poser de question sur la paternité des œuvres qu’ils se sont appropriés. Ce respect du droit d’auteurs également si peu honoré et considéré dans le monde du journalisme libre et des média numériques.