La SSR : fédéraliste et décentralisée

Numéro 50 – Mai 2016

La démocratie directe de la Suisse est ancrée dans l’idée républicaine de l’égalité pour tous. La SSR incarne cette idée à travers ses offres accessibles, pour tous les publics, dans toutes les régions. Coup de projecteur sur la plus grande entreprise de médias électroniques de Suisse.

Tout le monde en Suisse, ou presque, a un avis sur la SSR. C’est d’autant plus vrai depuis le 14 juin 2015, jour où le peuple suisse a dit OUI au nouveau système de perception de la redevance audiovisuelle, un système qui finance aussi des chaînes de radio et de télévision privées. La SSR, forte de ses 85 ans, a déjà vécu bien des changements. En 1931, lors de la fondation de la Société Suisse de Radiodiffusion,elle regroupait l’ensemble des radios régionales de l’époque. Les autorités avaient alors à coeur de construire une organisation de type fédéraliste – donnant une grande autonomie aux sociétés membres, et assez peu de pouvoir à la centrale, sise à Berne.

Au fil des ans, bien des choses ont changé, ne serait-ce que le nom des chaînes, des logos,des programmes et bien plus encore. Mais s’il est un principe auquel jamais la SSR n’a dérogé, c’est celui du fédéralisme. C’est cette structure qui fait la force et l’originalité de l’entreprise : cinq unités d’entreprise (RTS, SRF, RSI, RTR et SWI swissinfo) ancrées dans leurs régions linguistiques, qui proposent une offre radio et TV généraliste – sur mesure et adaptée à leurs publics. En français, en allemand, en italien et en partie également en romanche. Une structure décentralisée, renforcée par une clé de répartition financière solidaire : la Suisse alémanique pourvoit 70% des revenus de la SSR mais n’en perçoit que 45%. La différence sert à co-financer les programmes en Suisse romande, en Suisse italienne ainsi qu’une offre pour la minorité romanche. Et n’oublions pas Swissinfo, qui sur mandat d’information de la Confédération, propose une offre complémentaire en dix langues sur internet à l’attention de la cinquième Suisse et de l’étranger.

Le modèle de la Suisse est par ailleurs assez unique, parfaitement en phase avec le fédéralisme et la démocratie directe : la SSR appartient à son public. Elle n’a pas d’autres « actionnaires » à qui rendre des comptes. Contrairement à beaucoup d’autres radiodiffuseurs de service public européens, la SSR n’est pas un établissement de droit public, mais une structure associative privée sans but lucratif. L’Association SSR, ainsi nommée, se compose de quatre sociétés régionales (à ne pas confondre avec les unités d’entreprise chargées des programmes)– RTSR, SRG.D, Corsi et SRG.R – regroupant près de 23’000 membres. Cette association est ouverte à toute personne intéressée. Les membres de l’Association élisent, entre autres, les représentants des Conseils régionaux du public, qui contribuent par leurs analyses et recommandations à améliorer la qualité des programmes. De ce fait, chaque citoyenne et chaque citoyen suisse peut ainsi participer directement au débat sur l’orientation des programmes, le fonctionnement et l’avenir des chaînes TV et des stations radio de service public en Suisse.

Et la culture dans tout cela ? Dès les premières années de la radio, les émissions culturelles donnent le ton à l’antenne : les concerts de l’Orchestre de la Suisse Romande sous la direction d’Ernest Ansermet, Marcel Merminod et le radio-théâtre ou encore la Quinzaine littéraire d’Aloys Bataillard pour ne citer que quelques exemples.

De nos jours, la musique suisse tous styles confondus, la littérature tout comme le cinéma et le théâtre ont toujours une place de choix dans les programmes. On retrouve la structure fédéraliste de la SSR jusque dans le traitement de la culture : un programme aux couleurs régionales qui ne perd pas pour autant de vue le reste du pays. Dans les émissions comme Pl3in le poste, en passant par Blu come un’arancia ou encore Kulturplatz et Il Tavulin litterar, la culture se décline sous toutes ses facettes et dans toutes les langues. Par le biais d’échanges de programmes bien au-delà de nos frontières, la culture suisse peut rayonner grâce aux coopérations internationales au sein de l’UER ou avec TV5Monde.

Parler de la culture, la promouvoir fait partie du mandat de la SSR, ancré dans la concession. Une promotion qui ne se limite pas à rendre la culture accessible par le son et les images à la radio, en TV ou sur internet mais qui entend aussi participer à sa production. La SSR est ainsi aussi (co)productrice d’événements culturels (la Schubertiade d’Espace 2 ou le festival Label suisse) et promotrice active de la production suisse, en particulier dans le domaine du film. C’est un engagement très important au plan budgétaire.

À tout un chacun maintenant de faire vivre et rayonner cette culture sous toutes ses facettes : par la création pour les uns, par le soutien et la diffusion pour les autres.