Chapeau

Chapeau

Tellement vieille qu’il est difficile de lui donner un âge, la rémunération au chapeau est toujours bien vivante. Pour une bonne raison : selon une étude, seule une infime partie des consommateur·rice·s de culture choisit de ne rien donner à l’issue d’un spectacle.
Focus : Allan Kevin Bruni, rédacteur 

Tellement vieille qu’il est difficile de lui donner un âge, la rémunération au chapeau est toujours bien vivante. Pour une bonne raison : selon une étude, seule une infime partie des consommateur·rice·s de culture choisit de ne rien donner à l’issue d’un spectacle.

La rémunération au chapeau est une vieille dame. De l’église aux arts vivants, elle a traversé les âges, si bien qu’il est difficile de lui en donner un. Les rumeurs veulent qu’elle ait pris naissance au Moyen Âge déjà, et qu’elle s’y soit répandue en Europe; mais il semble difficile de retracer ses origines avec précision. Elle est aujourd’hui considérée par certain·e·s comme dépassée et peu sûre, car les revenus qui en découlent ne sont pas stables. Malgré cela, cette méthode de ré- munération fait partie du mode de vie de nombreux·euses artistes amateur et professionnel·le·s. Elle constitue même une source de revenus conséquente pour beau- coup d’entre eux·elles… à condition bien sûr que le public ne soit pas pris d’une crise d’avarice.

Arts de rue avant tout

Selon une étude de Sihem Dekhili et Chantal Connan Ghesquierre parue en 2013, la rémunération au chapeau (ou le «Pay What You Want », qui en constitue la version plus récente) instaure un « prix participatif » permettant aux spectateur·rice·s de payer une presta- tion à hauteur de leurs moyens et selon leur niveau d’apprécia- tion et de satisfaction. Dans cer- tains cas, elle serait en défaveur des acteur·rice·s culturel·le·s à cause de son caractère vacillant. Malgré cela, la rémunération au chapeau reflète une forte volonté de faciliter l’accès à la culture en l’ouvrant au plus grand nombre tout en diminuant drastiquement « la perception d’injustice liée au prix ». En outre, les chercheuses constatent que 98 % des performances et services adoptant ce système reçoivent effectivement une rétribution alors que les spectateur·ice·s et consomma- teur·rice·s pourraient, en théorie, ne rien payer.

La rémunération au chapeau peut certes sembler incertaine dans les domaines des arts et de la culture. Cependant, au regard de l’incertitude qui plane sur le secteur et des impacts liés à la récente crise sanitaire, elle fait partie intégrante des coutumes de paiement des artistes. Dans ce contexte, le développement de la confiance entre les acteur·rice·s de la culture et leurs consomma- teur·rice·s semble plus que jamais primordial. Cette pratique pourra ainsi perdurer, peut-être même durant des siècles.