Les ovaires font de la résistance
Les ovaires font de la résistance
Le yodel est souvent associé à des clichés d’hommes virils et de femmes douces et maternelles. Dans le canton de Nidwald, un groupe de femmes en a décidé autrement. Elles ont créé Echo vom Eierstock, un chœur de yodel féministe.
Zoom : Steve Weisshaupt, rédacteur
Dans l’imaginaire collectif suisse, le yodel vit comme une incarnation des valeurs patriotiques et patriarchales. Malgré la présence très forte de la culture du yodel en Suisse centrale, les médias continuent à véhiculer une image de « braves femmes, un peu ennuyeuses, en costumes traditionnels ». Ce n’est tout simplement pas vrai, affirme Elena Kaiser, et Echo vom Eierstock compte bien prouver le contraire. Créée en 2022 à Stans (NW), cette association – dont on peut traduire le nom par l’Écho des ovaires – est un chœur de yodel féministe. Il réinterprète les chants traditionnels, les libérant de leur carcan conservateur pour les ramener à une réalité plus personnelle et actuelle. La seule condition d’adhésion : être une femme.
Les yodleuses ne chantent pas pour se démarquer des autres chœurs, elles chantent pour le plaisir « tout simplement » et ont convaincu le public, note la fondatrice Elena Kaiser. « La scène du yodel en général devrait nous remercier car beaucoup de gens viennent nous écouter en concert et se rendent compte que le yodel est beau.
Emails anonymes
La volonté d’ouverture du chœur se manifeste également dans le choix des chansons. Le Bon Dieu, les bergers et les hommes virils sont remplacés par des sujets contemporains tels que l’amour, des hymnes à la nature ou des causes politiques. « Une autrice a écrit sur la grève des femmes, une autre sur une rencontre avec un bûcheron dans la forêt ; nous sommes ouvertes. » Elena Kaiser explique que les thèmes ne sont pas imposés. Les autrices ont une entière liberté de traiter les sujets qui leur plaisent.
La volonté d’ouverture du chœur se manifeste également dans le choix des chansons. Le Bon Dieu, les bergers et les hommes virils sont remplacés par des sujets contemporains tels que l’amour, des hymnes à la nature ou des causes politiques. « Une autrice a écrit sur la grève des femmes, une autre sur une rencontre avec un bûcheron dans la forêt ; nous sommes ouvertes. » Elena Kaiser explique que les thèmes ne sont pas imposés. Les autrices ont une entière liberté de traiter les sujets qui leur plaisent.
L’existence de Echo vom Eierstock n’est pas le fruit d’un mouvement radical, mais plutôt d’une volonté de se représenter soi-même. Bien que les yodleuses ne cherchent pas l’attention, les regards se sont tournés vers elles, provoquant une réaction vive que la fondatrice décrit comme « un coup de couteau dans un nid de guêpes ». Certains hommes ne se sont pas privés de partager leur haine à travers des emails anonymes. Or, elle revendique fièrement que « cela ne nous a pas arrêtées, au contraire, nous en avons ri ».
En résonnant jusqu’à Zurich, Berne et même Fribourg, l’appel d’Elena Kaiser est sans précédent et a trouvé un écho au-delà des montagnes. Elle a démontré avec vaillance qu’une place existait pour les femmes qui souhaitent chanter, même pour celles n’ayant aucune relation avec le yodel. Certains chœurs d’hommes se sont même manifestés pour ouvrir des collaborations. Mais Echo vom Eierstock en a décidé autrement, c’est un chœur de femme « et nous y tenons ».