L’art sur les bancs d’école

L’art sur les bancs d’école

Entre un cours de maths et de français, pourquoi ne pas prendre une bouffée d’art avec une période de musique ou de danse ? C’est le concept de MUS-E, qui vise à faire entrer la culture à l’école. Après trois décennies d’existence outre-Sarine, le programme arrive en Suisse romande.

Lever de rideau : Elvire Akhundov, rédactrice

Imaginez un monde où l’art est accessible au plus grand nombre, grâce à l’éducation. Depuis 1993, MUS-E ®applique ce principe dans les écoles suisses pendant les heures de cours. L’idée est de soutenir toutes les possibilités d’expressions artistiques des enfants, de « donner un espace à cette expression », explique Werner Schmitt, le vice-président de l’antenne suisse de l’association.

En pratique, un·e artiste visite hebdomadairement une classe pour partager son expertise. Tous les six mois, la discipline artistique enseignée change, faisant découvrir aux élèves l’art dans toute sa diversité. « Nous le savons d’expérience, l’activité artistique apporte un vrai bénéfice social », explique Werner Schmitt. « Ce ne sont pas des heures perdues ; au contraire, la sensibilisation aux arts amène les enfants à mieux se concentrer à l’école, à gagner en tolérance et en respect les un·e·s envers les autres. »

L’idée d’introduire le programme à Neuchâtel est née lors du symposium célébrant les 30 ans de MUS-E, symposium qui a eu lieu en collaboration avec le Centre Dürrenmatt. Cette coopération fructueuse a permis de réaliser rapidement l’idée, une première en Suisse romande. D’après Werner Schmitt, les artistes et enseignant·e·s intéressé·e·s ne manquent pas, mais ils recherchent encore des coordinateur·ice·s pour gérer au mieux le projet sur place.

Bagage artistique et émotionnel

Lucas Gonseth, professeur de percussion au Conservatoire de musique neuchâtelois, a été man- daté pour le premier des quatre semestres avec la classe pilote du collège de Vauseyon. Au début, dit-il, cela lui a demandé un considérable investissement en temps, tant pour concevoir le contenu que pour transporter les nombreux instruments de musique. « J’ai proposé de monter une pièce au Centre Dürrenmatt avec les enfants » pour le symposium de MUS-E, raconte l’artiste. Une fois cette décision prise, organiser la structure des leçons s’est avéré bien plus facile. Mais « construire le projet en trois mois avec seulement deux périodes par semaine n’était pas évident ». Le percussionniste souligne que l’objectif de MUS-E n’est pas de présenter le travail des enfants, mais plutôt d’amener la culture dans les classes. Tout de même, c’était une belle expérience qui semble avoir touché le public.

L’enseignante de la classe pilote rapporte que ces cours lui ont permis de découvrir des aspects de personnalité de certain·e·s élèves, comme cet enfant timide qui s’est libéré à travers la musique. Selon Florinda Benoît, MUS-E a permis de faire vivre aux écolier·ère·s quelque chose qu’ils et elles n’auraient pas connu autrement. C’était « une nouvelle ouverture sur la vie, car il n’y a pas que l’école ». L’expérience a été enrichissante pour toutes et tous, dont le musicien lui-même. Il tenait à ce que les enfants repartent avec un certain bagage, qu’il soit musical ou émotionnel. La mission semble accomplie.