Trouver une solution aux rapports de travail atypiques

Trouver une solution aux rapports de travail atypiques

En Suisse, le taux de travailleur·euse·s indépendant·e·s dans le secteur de la culture est bien plus important qu’en moyenne dans le tissu économique. Alors que moins de 14 % des Helvètes sont professionnellement indépendant·e·s, ce pourcentage grimpe à 27 % dans l’économie culturelle, selon des statistiques de l’OFS portant sur l’année 2022. Si l’on ne prend en compte que les travailleur·euse·s culturel·le·s au sens étroit – c’est-à-dire si l’on exclut des pro- fils tels que graphiste dans une banque ou comptable dans un théâtre – le pourcentage monte encore, à 38 %. « En Suisse romande, la part des indé- pendant·e·s dans la culture est encore plus importante, car on y travaille davantage par projets », souligne Olivier Moeschler.

Or, « la pandémie a mis le doigt sur une inégalité criante entre les travail- leur·euse·s culturel·le·s affilié·e·s à une institution et les indépendant·e·s », poursuit le sociologue. « Pire, elle a renforcé cette inégalité car tandis que les institutions pouvaient demander des aides et continuer à payer leurs salarié·e·s », les indépendant·e·s n’ont pas forcément pu bénéficier des fonds de crise alloués par la Confédération. « La branche s’est retrouvée confrontée à toute la problématique de la ‘zone grise’, celle dans laquelle se trouvent de nombreux·euses artistes sans statut bien défini, qui passent souvent complètement entre les mailles du filet de sécurité sociale. » Une recherche menée il y a quelques années auprès des diplômé·e·s de La Manufacture, la Haute école des arts de la scène, arrivait à cette conclusion qui peut sembler un brin absurde : « Ceux et celles qui touchent le chômage, ce sont ceux et celles qui ont réussi », c’est-à-dire qui travaillent et gagnent assez pour pouvoir bénéficier de cette assurance.

À l’image d’Olivier Moeschler, plusieurs personnes interrogées dans le cadre du présent dossier ont relevé la nécessité de « régler » la question de la précarité endémique qui sévit parmi les indépendant·e·s de la culture. Mais comment ? Plusieurs pistes semblent se dessiner suite au postulat de la conseillère aux Etats Marianne Maret (en 2021) et au rapport du Conseil fédéral qui en a découlé (en 2023). Selon les associations faîtières du secteur culturel, l’insuffisance de la protection sociale des personnes concernées tiendrait entre autres à un manque de connaissances en la matière. Il serait dès lors utile de créer un centre de conseil et de services à leur intention. À noter qu’à Fribourg, une structure de ce type, baptisée BURO, existe déjà. Née durant la pandémie, elle a bénéficié de soutiens étatiques dans le cadre des projets de transformation.