Le journalisme culturel est la chambre d’écho de la création

« Le journalisme culturel est la chambre d’écho de la création »

Souffrotant, le journalisme culturel suisse mérite-t-il qu’on vole à son secours ? Les participant·e·s à une table ronde organisée à Morges dans le cadre du Livre sur les quais en sont convaincu·e·s : le journalisme représente un aspect fondamental de la culture.

Compte rendu : Marie Butty, rédactrice

Le journalisme culturel suisse est en crise. Plusieurs études relèvent la disparition progressive de la discussion critique de la culture et la tendance des médias traditionnels à renoncer peu à peu à leurs pages culturelles ou à les faire glisser dans les rédactions société, voire people. Cette constatation inquiétante interroge sur la nécessité et le besoin de ces pages. Le monde culturel peut-il vivre sans journalisme culturel ? Cette question figurait au centre de la table ronde « Editeurs et journalistes culturels : Quelles relations ? Quels défis ? Quels combats ? » organisée dans le cadre de la manifestation Le Livre sur les quais à Morges.

Tou·te·s les participant·e·s semblaient d’accord sur l’aspect fondamental du journalisme culturel. Carine Bachmann, directrice de l’Office fédéral de la culture (OFC) et invitée à la table ronde, a indiqué que c’est une conviction de la Confédération et de l’OFC : « Pour que la culture puisse être vécue pleinement et pour pouvoir bénéficier d’une scène culturelle vivante, la discussion de la culture est essentielle ; elle doit être l’objet d’échanges et de débats publics. ». Ainsi, la création a besoin du journalisme culturel pour exister dans la société. Il s’agit d’une relation d’interdépendance, l’une étant indissociable de l’autre pour continuer à perdurer.

Appel au soutien de l’OFC

Mais alors comment faire face à la situation actuelle ? La directrice de l’OFC a rappelé qu’en 2022, la population a rejeté le paquet d’aides aux médias proposé par le Conseil fédéral. Les citoyen·ne·s suisses ne sont donc pas prêt·e·s pour ce type de démarche. Il faut explorer d’autres pistes pour sortir de l’impasse. L’association ch-intercultur, active dans la critique culturelle et les informations sur la création et la vie culturelle, appelle à la cohésion nationale au-delà des frontières linguistiques concernant cette problématique, à une époque où les quatre régions culturelles du pays semblent de plus en plus s’éloigner. Elle a lancé un manifeste afin que le journalisme culturel soit soutenu par l’OFC. Plus précisément, il devrait faire partie du prochain message culture au même titre que la création artistique elle-même, selon Marco Baschera, membre du comité de l’association et lui aussi présent à la table ronde. 

Il est essentiel de mobiliser et de rassembler les acteur·rice·s culturel·le·s afin de trouver des solutions ensemble et d’envoyer une invitation au dialogue à destination de l’OFC. Marco Baschera estime qu’un art qui ne fait pas l’objet d’une réflexion journalistique indépendante et qui n’est plus transmis au sein de la société perd de son importance dans les domaines politiques et sociaux. Le journalisme culturel est ainsi la chambre d’écho de la création culturelle. Il représente donc un aspect fondamental de la culture et de son encouragement.