Le jeu en valait la chandelle mais la chandelle est morte

Numéro 20 – Décembre 2008

Sous le logo CutureEnJeu on peut lire : « Les Créateurs, L’argent, Le Public ». Puisque aussi d’argent il s’agit, par ce dossier nous nous proposons de vous donner quelques informations et quelques pistes de réflexion sur la crise financière actuelle, crise qui ne fait que commencer et dont nous ne sommes certes pas prêts de voir la fin, crise qui affec­tera inévitablement les milieux culturels.

Aux petits matins humides et blafards des lundi ou des jeudi noir de la Bourse, on distingue à peine les joueurs-traders qui ont non seulement perdu leur argent, mais surtout l’argent des clients de leurs banques ou instituts financiers. Ils disparaissent, deviennent anonymes et ne répondent plus à ces clients qui vivaient dans l’illusion que leurs banques géraient leurs dépôts dans l’esprit de les faire fructifier alors qu’en réalité elles s’occupaient/jouaient surtout à faire des bénéfices pour elles-mêmes, mettant en péril sans le moindre scrupule des biens qui ne leur appartenaient pas.

L’État lui-même et les autorités de con­trôle ne se sont jamais vraiment interrogés sérieusement sur les causes réelles de ces profits hors-normes à court terme qui ont déjà si souvent mené ces apprentis sorciers de la finance et leurs clients sur le chemin de la ruine. Le profit seul comptait. Et que dire des universités et des business schools qui ont formé tous ces génies de la finance négligeant de leur rappeler leurs responsabilités à l’égard de la société. On a oublié allègrement que le seul capital durable se trouve du côté du vécu et du travail des hommes et des femmes et non du côté d’une jonglerie virtuelle vidant l’économie de sa substance au profit de jeux financiers où l’individu devient abstrait. Et quand il y a krach, l’individu redevient bien réel et souffrant.

Dans ces périodes de troubles financiers, les différents domaines de la culture se trouvent régulièrement aux premières loges des coupes budgétaires sous le prétexte fallacieux que la culture n’est pas un besoin de première nécessité. L’État se désengage, les mécènes privés deviennent frileux et les sponsors fondent comme neige au soleil.

Par leurs interventions, le journaliste Said Mekki, le cinéaste Frédéric Gonseth, l’économiste Yves-Marie Laulan, l’expert en communication Peter Köppel et l’écrivain Anne Cuneo essayent de rendre plus compréhensibles les causes de la crise qui annonce la période de récession que nous nous apprêtons à vivre.