À la rescousse du prix réglementé du livre

Numéro 21 – Mars 2009

Dans son numéro 5 (en mars 2005), CultureEnJeu proposait un dossier sur le prix unique du livre. Jean-Louis Kuffer posait la question : « Le livre est-il un produit de consommation comme un autre, et son commerce doit-il être abandonné aux lois du marché, au risque de mettre en danger les ‹ petits › producteurs et intermédiaires (éditeurs et libraires) incapables de lutter avec les ‹ gros › ? Ou faut-il, comme c’est le cas dans la plupart des pays européens, contrôler voire unifier son prix au nom de l’exception culturelle ? Actuellement, en Suisse, alors que beaucoup de nos éditeurs (surtout littéraires) peinent et que nombre de librairies indépendantes sont menacées. […] Par delà le prix du livre, c’est également une philosophie globale de la politique culturelle qui doit être repensée. »

Ces questions se posent toujours aujourd’hui avec urgence, même si les Suisses sont de gros consommateurs de livres puisqu’ils achètent 1,7 fois plus de livres que les Français. Il y a en Suisse un libraire pour 10’000 habitants, alors qu’en France on ne trouve qu’une librairie pour 20’000 habitants.

Dans notre précédent dossier, nous mettions en évidence le prix fixe du livre. En quatre années, le débat s’est déplacé sur le prix réglementé du livre, débat qui n’a pas encore créé le consensus entre toutes les parties. Le 2 février a pris fin la période de consultation pour l’avant-projet de loi sur un prix du livre réglementé. Nous aurons l’occasion au cours des mois prochains de revenir sur ces discussions qui opposent les tenants d’une ligne radicale qui considère que la loi porte gravement atteinte à la concurrence et contrevient à l’esprit libéral de l’ordre économique suisse et les professionnels du secteur regroupés sous l’égide du Conseil suisse du livre (CSL), qui prône « une réglementation du prix des livres – mais pas à n’importe quel prix ! » Françoise Berclaz-Zermatten nous donne son point de vue de libraire (La Liseuse à Sion), ainsi que quelques réflexions de l’ASDEL (Association Suisse des Diffuseurs, Éditeurs et Libraires) énoncées le 26 janvier dernier.