Lausanne contemporain

Numéro 28 – Décembre 2010

Sortie du Guide de la Fondation Lausannoise pour l’Art Contemporain (FLAC), volume 1. D’emblée, le Guide Lausanne Contemporain se veut attirant. Sortie événementielle et très largement annoncée, embargo sur les ventes avant le jour J, prix de lancement et couverture miroitante dans lequel l’amateur aura le bonheur de se voir reflété : rien ne manque pour mettre en valeur le produit et son acquéreur, vous, moi, autant de monde que possible bien sûr. Au-delà du packaging et de la stratégie marketing réussie, qu’est-ce que ce petit ouvrage a dans le ventre ?

Ne boudons pas notre plaisir : il était temps que Lausanne présente son actualité créative et que ses protagonistes se rassemblent autour d’un projet commun, destiné à accueillir et à orienter le visiteur, tout comme à affirmer avec confiance son statut de ville de culture actuelle. Et il était logique que cette tâche revienne à la FLAC, Fondation Lausannoise pour l’Art Contemporain. Après une introduction somme toute assez classique dans laquelle chacun des trente lieux choisis, du musée au cinéma en passant par la galerie et l’espace autogéré, se présente, on passe à une sélection de trois itinéraires artistiques possibles, du nord au sud de la ville. Des galets de Chailly au parc du Château d’Ouchy, on vous prend par la main pour trois balades du dimanche, chaque intervention étant accompagnée d’une notice explicative. On peut toutefois se demander où commence la notion de contemporanéité en lisant celle de la sculpture de Milo Martin qui date de 1930, ou celle de Bugatti, dont le Colosse nu remonte même à 1907. Mais qu’importe, il est bien plus amusant de savoir qui sera le premier à dénicher les 18 space invaders répartis en ville par un artiste français anonyme qui essaime les villes du monde depuis 20 ans.

La partie la plus délicate est sans conteste celle qui rassemble quelque 150 créateurs actuels de la ville, sélectionnés par un comité d’experts dont les membres ne sont pas dévoilés. Ici aussi, le choix est généreux, réunissant des protagonistes nés dans les années 1930 jusqu’au benjamin, millésime 1985… Y a-t-il des oubliés ? Qui sont-ils ? Pourquoi n’y figurent-ils pas ? Comme pour les salons parisiens du début du XXe siècle, il pourrait être intéressant de se pencher sur la liste des refusés.

Bien conduits, les sept dialogues menés par les protagonistes principaux de la diffusion de la création contemporaine, des conservateurs aux journalistes en passant par deux des artistes locaux les mieux connus, Emmanuelle Antille et Jean Otth. Tout comme la partie rétrospective dévolue aux travaux d’artistes exposés à « Flon-Ville », le calendrier de la création actuelle à Lausanne et la sélection de livres spécifiques : ces chapitres constituent le noyau dur de ce guide. Une note moins favorable par contre à la liste des bars, restaurants et hôtels placée en fin d’ouvrage, étant donné que la plupart d’entre eux ne s’impliquent en rien dans le sujet du guide…