« Eh bien ! Dansez maintenant. »

Numéro 41 – Mars 2014

La situation des chanteur•e•s et des musicien•ne•s des musiques actuelles est particulièrement précaire en Suisse romande, leur statut de salariés étant régulièrement ignoré, et les cotisations sociales rarement payées. Cela leur rend très difficile l’accès à l’assurance chômage et donc à l’intermittence. En outre les subventions dans le domaine des musiques actuelles sont faibles, ce qui empêche souvent de payer le travail effectué « hors scène », contrairement au théâtre ou à la danse par exemple.

Il est très difficile de vivre de son métier quand on est musicien•ne ou chanteur•e. Une grande partie d’entre eux sont obligés d’avoir des activités annexes afin de pouvoir subvenir à leurs besoins. Ils enseignent souvent la musique mais ont parfois aussi des emplois alimentaires qui n’ont rien à voir avec le monde artistique. Ils courent le « cachet » et souvent doivent se produire pour des montants quasi symboliques. Cette situation fait que leur travail s’organise complètement différemment que celui des comédien•ne•s ou des danseur•e•s par exemple.

Pourquoi cette différence ? Il y a notamment deux raisons : tout d’abord le monde de la musique ne s’est pas organisé de la même façon que les arts de la scène. Les artistes ont rarement des associations qui les emploient lorsqu’ils se produisent. Ils sont souvent considérés (à tort la plupart du temps) comme des indépendant•e•s. Ils touchent un « cachet » pour leur prestation et personne n’endosse le rôle d’employeur. Compte tenu de cela ils sont souvent exclus de l’assurance chômage et ont très peu de protection sociale. Ils ne sont protégés ni en cas de maladie, ni en cas d’accident. Sans parler du faible montant de leur retraite. L’absence d’employeur fait aussi qu’il est plus difficile d’obtenir des subventions pour le temps de création. Les récentes Assises des musiques actuelles ont permis de mettre en lumière le fait que les subventions sont vraiment beaucoup plus faibles pour les musiques actuelles que pour les autres arts de la scène.

Heureusement le secteur s’est professionnalisé et plusieurs associations jouent un rôle important pour promouvoir de meilleures conditions de travail pour les chanteur•e•s et musicien•ne•s. C’est notamment le cas de Petzi, qui regroupe les clubs, et de la Fondation CMA qui a comme mission de soutenir les artistes dans le développement de leur carrière. Ces différents acteurs ont mis en place des soutiens, tant aux clubs et festivals qu’aux artistes eux-mêmes, qui permettent déjà de travailler dans de meilleures conditions. Il faut néanmoins développer des aides supplémentaires, soutenir les clubs et les structures de management, de diffusion et de production des artistes suisses. Développer de nouvelles façons de travailler.

Il est en effet un moment particulièrement délicat dans la carrière d’un musicien, c’est celui où il abandonne son emploi alimentaire pour se consacrer à sa carrière musicale. Une des solutions relevées lors des Assises serait de pouvoir augmenter le soutien public aux structures qui entourent les artistes. Ou encore de développer une aide à la création, comme c’est le cas dans les arts de la scène, en créant des contrats de confiance qui permettraient aux artistes de passer cette étape de leur carrière sans vivre une grande précarité. « Il y aurait ici davantage à apporter, estime Yann Riou. Pourquoi pas d’autres modèles que le simple soutien à la production discographique, comme des contrats de confiance sur un moyen terme (3, 4 ou 5 ans), comme on le fait pour le théâtre ? Pour permettre à un artiste d’être un peu moins sous pression quand il a besoin de passer un cap. » (in Rapport des Assises des musiques actuelles, Stéphanie Arboit, 2013).

Tout en vous serrant la ceinture,
Vous vous demandez, stupéfaits,
Au bout de la folle aventure,
De quoi demain sera-t-il fait ?

Jean Villard Gilles, Dame Pauvreté

Suite aux Assises, le canton de Vaud et la ville de Vevey ont adopté des recommandations qui visent à améliorer le soutien fait aux musiques actuelles. S’il n’est pas facile aujourd’hui d’arriver à vivre de son métier lorsqu’on est chanteur ou musicien cela devrait l’être un peu moins dans les années à venir. Après un effort important fait pour la formation, il est temps de donner aux professionnel•le•s des conditions de travail convenables. La scène romande mérite bien cela !

Les musiques actuelles en 2011 dans le canton de Vaud, c’est…

 

550

salariés

10’000

bénévoles

1 million

spectateurs

1’200

groupes suisses

1’000

groupes internationaux

3.2 millions

subventions communales & cantonale

65 millions

budget annuel