Le Fonds de production télévisuelle… ?

Numéro 44 – Décembre 2014

Financé par les sociétés de gestion Swissperform, Suissimage et la SSA, ce Fonds d’aide aux fictions et documentaires télévisuels est parfois méconnu.

De tous les organismes helvétiques de financement de l’audiovisuel, le Fonds de production télévisuelle est sans doute le plus discret. Il n’en demeure pas moins connu de la plupart des producteurs indépendants romands, alémaniques et tessinois. « Un soutien complémentaire de 200’000 francs sur une série ou de 35’000 francs sur un documentaire représente une aide inestimable quand on monte un projet. De fait, les professionnels expérimentés connaissent l’existence de ce mécanisme de financement », lance Pierre-André Thiébaud, producteur, auteur-réalisateur et représentant de la SSA au sein de l’assemblée des associés du Fonds de production télévisuelle, dont il préside également la commission romande d’attribution des prêts. La création de cet organisme remonte à 1996. Trois ans auparavant, Swissperform a été portée sur les fonts baptismaux avec pour mission de gérer les droits voisins, dont 10% des recettes globales alimentent diverses institutions à caractère culturel ou social. Le secteur audiovisuel bénéficie de cette manne par le biais de la Fondation culturelle pour l’audiovisuel en Suisse, qui alimente à son tour le Fonds de production télévisuelle avec le soutien complémentaire des fonds culturels de Suissimage et de la SSA – cette dernière contribue annuellement pour un montant de 100’000 francs. Le budget, lui, varie d’une année à l’autre (1.8 million en 2004, 1.9 en 2011, 2.6 en 2012 grâce à un versement supérieur de Swissperform cette année-là, et à nouveau 1.9 mio. en 2013).

D’un point de vue pratique, le Fonds de production télévisuelle soutient les projets de fiction ou de documentaire conçus en priorité pour la télévision, d’une durée d’au moins 25 minutes (20 minutes par épisode pour les séries) et tournés dans une des langues nationales. La composante helvétique de l’équipe technique et du casting est valorisée, sauf dans le cas de coproductions avec l’étranger, où le pourcentage de comédiens indigènes dans les premiers et seconds rôles doit correspondre au pourcentage de financement suisse. Les aides sont accordées pour l’écriture, le développement et la réalisation, mais elles se montent au maximum à 30’000 francs pour l’écriture, 50’000 pour le développement, 40’000 pour la réalisation de documentaires et 300’000 pour la réalisation de fictions. La particularité de ces soutiens financiers est qu’ils prennent la forme d’avances sur recettes ; le remboursement est dû dès le moment où l’œuvre réalise des recettes autres que celles garanties par des aides à la production. « On estime à environ 1 % le taux de remboursement sur l’ensemble des montants octroyés. En général, le remboursement est possible quand un téléfilm ou un documentaire connaît un succès au cinéma. La plupart du temps, toutefois, la possibilité d’enregistrer des recettes complémentaires est limitée par le fait, d’une part, que la SSR dispose d’une situation de quasi-monopole et que les partenaires étrangers sont impliqués dès le lancement de la production, et, d’autre part, que les droits sont cédés à la SSR pour une quinzaine d’années environ », poursuit Pierre-André Thiébaud.

Le nombre de projets soutenus se monte à une trentaine chaque année, fictions et documentaires confondus. Les aides accordées en 2013 se répartissent presque équitablement entre Suisse alémanique et romande, plusieurs producteurs romands indépendants ayant bénéficié d’un soutien pour l’écriture et la réalisation de séries. À noter que le soutien à l’écriture des séries romandes de fiction est automatique depuis 2012, à condition toutefois que les projets aient reçu l’aval de la RTS. Et si le Fonds de production télévisuelle jouit d’une notoriété certaine chez les producteurs indépendants des deux côtés de la Sarine, ainsi qu’auprès des professionnels tessinois, l’effort promotionnel reste nécessaire. « L’organisme est présenté régulièrement aux professionnels, notamment à travers le Forum des producteurs romands et la RTS. Il n’en demeure pas moins que certains d’entre eux ne connaissent toujours pas cette institution, en particulier les producteurs qui sont aussi les réalisateurs de leurs propres documentaires, raison pour laquelle nous avons interpellé l’an dernier plusieurs personnes qui n’avaient pas déposé de demandes », conclut Pierre-André Thiébaud.