© Charlotte Krieger

Ce numéro devait être consacré aux festivals. L’ironie du sort en aura décidé autrement. Débarqué sans crier gare, l’innommable virus a tout emporté sur son passage. À commencer par les manifestations culturelles. 2020 ne ressemble à aucune autre. Premiers touchés, les milieux artistiques feront hélas également partie des derniers impactés. Précarité annoncée, insoutenable réalité, menace invisible. Au même titre que les événements historiques gravés dans notre mémoire, on se souviendra longtemps du communiqué annonçant l’annulation de la 38e édition du Cully Jazz Festival en ce funeste lundi 9 mars. Sidération absolue, désolation collective, déferlante d’annulations d’événements. Fermeture des lieux culturels, migration en ligne de nos vies sociales réduites à des apéros chips sur écrans noirs pour celles et ceux qui aiment. Pendant cette saison en suspens, la population a pu constater quotidiennement la nécessité d’un service public de qualité pour rester informée. De longues semaines monothématiques, rythmées par les apparitions médiatisées du Conseil fédéral. Une déclaration en chassant une autre, la couleur d’un jour ne ressemblait en rien à celle du lendemain. Incertitudes, injustices, nausée. Angoisse. L’attente prostrée de la première vague, supposant littéralement l’arrivée d’une seconde plus tard. L’impossibilité de se projeter, l’inconfort d’un nouveau monde policé sous un ciel bleu sans avions. L’effondrement du capitalisme triomphant, le retour à la solidarité envers les plus démunis, s’est-on pris à fantasmer.

Puis, progressivement, cette envie de renaissance. Cet élan vers la vie à l’approche d’un été sans festivals, mais des terrasses à perte de vue. Besoin urgent d’une trêve dans cette année à haute teneur anxiogène. On dit souvent que les belles choses naissent du chaos. Pendant que tous les signaux étaient au rouge, CULTURE ENJEU a opéré sa mue pour célébrer dignement son seizième anniversaire. C’est avec fierté que nous vous proposons de découvrir la refonte complète de la maquette conçue par le bureau de graphisme Dual Room, basé à Bienne, au bénéfice d’une expertise pointue dans le domaine éditorial. A l’image de la fructueuse collaboration avec le jeune designer Mersad Denic diplômé de l’ECAL pour les illustrations réalisées en photographie 3D sur la base de sculptures en argile, ce nouvel environnement graphique se veut en phase avec l’époque en constante mutation. Aujourd’hui, de façon plus urgente que jamais, la mission de CULTURE ENJEU continue : en guise d’épilogue, ouvrons le dialogue entre les artistes, la création, ses différentes pistes de financements et le public.