© Romain Guelat

Ces oeuvres qui ont changé sa vie…Max Lobe

Numéro 67 – Septembre 2020

« Le réalisme magique » : la vision revient souvent dans le vocabulaire de Max Lobe. Pour CULTURE ENJEU, l’écrivain camerounais partage les œuvres qui ont jalonné et donné du piment à son existence.

Bercé par la littérature et les contes négro­-africains, Max Lobe a publié à ce jour cinq ouvrages aux éditions Zoé.
Il tient également un blog, Les cahiers bantous, sur lequel il publie des nouvelles. Né à Douala au Cameroun en 1986, il arrive en Suisse à 18 ans et étudie la communication et le journalisme à Lugano. Son grand intérêt pour l’histoire et la politique le mènent à suivre un Master en Politique et Administration à Lausanne. Il remporte le Prix de la Sorge à Lausanne en 2009 pour sa nouvelle Le Bac­calauréat. Son dernier roman paru en mars 2018, Loin de Douala, raconte un voyage initiatique entre le Sud et le Nord du Cameroun. Lorsqu’il parle avec passion des œuvres qui l’ont marqué, il explique que l’art contemporain,
la littérature et la musique sont pour lui des sources d’inspiration infinies. Comme il le dit lui-même : « Je suis généralement assez étanche, mais j’absorbe beaucoup. »

Un disque

Afro-Soul Machine, double compilation, de Manu Dibango (2011)

« Pour moi, la musique de Manu Dibango, c’est la base, la musique de mon enfance. C’est l’afro-soul, la fusion de soul music américaine et de mokassa du Cameroun. C’est le disco ! Parfois pour la création, on a besoin de retourner aux racines et ce disque m’a vraiment inspiré pour mon prochain livre. Lorsque j’ai appris la disparition de Manu Dibango, la première star
internationale à mourir du COVID-19 le 24 mars 2020, ça m’a beaucoup touché. Je repensais à cet album que j’écoutais en boucle à New York peu de temps avant sa mort. »

une exposition

« Il s’agit d’un dialogue entre Ajarb Bernard Ategwa et Maurice Mboa, deux artistes came­rounais basés en Suisse. Je suis abonné à beaucoup d’artistes sur Instagram et je suis très inspiré par l’art contemporain africain, j’apprécie leur regard sur le monde. Une fois de plus, Maurice Mboa s’inscrit dans le réalisme magique. Il travaille sur des toiles de fer, avec une technique de travail très particulière, c’est à la fois gris et noir, mais très coloré par ailleurs. Il fait des visages vides, sans traits. C’est très intéressant, surtout durant cette période où nous portons le masque. »

True to self, galerie des Bains, Genève. Jusqu’au 25 juillet 2020

un spectacle

Saint François d’Assise, opéra d’Olivier Messiaen 

« Prévu et annulé au Grand Théâtre de Genève du 26 juin au 5 juillet 2020, c’est le spectacle que j’aurais tant voulu voir. J’espère qu’il sera reprogrammé ! Je devais écrire une histoire inédite pour cet opéra. Lorsque j’ai vu que le metteur en scène, l’algérien Adel Abdessemed, faisait un lien entre la guerre d’indépendance en Algérie et la vie de Saint François d’Assise, j’ai trouvé ça formidable. »

District 9 de Neill Blomkamp (2009)

un film

« J’ai découvert ce réalisateur sud-afro-ca­nadien récemment et j’ai regardé tous ses longs-métrages. Ce film de science-fiction étrange se déroule dans la banlieue de Capetown avec
des robots. J’aime beaucoup la façon dont il parle de la réalité en utilisant des machines, un peu « à la japonaise », mais dans un contexte africain. »

un livre

« Je l’ai relu il y a deux mois pour la cinquième ou sixième fois, toujours avec le même plaisir. À chaque fois j’apprends quelque chose de nouveau, j’adore ce réalisme magique qui fait tomber une pluie de fleurs, dans lequel se côtoient des hommes animaux et des animaux humains. Il y a tout dans ce roman. Son rythme fait danser par moments, c’est à la fois très mélancolique et très joyeux, très lyrique. »