Veux-tu que j’te dise, Michel?

Comment te dire adieu Michel

Tes disques sont là dans la pile

On t’aimait bien tu sais, comm’ Brel

Et le patron Jean Villard Gilles

 

Ta force tranquille en colère

Manque déjà dans ce pays

Des Alpes au Jura de tes pairs

En passant bien sûr par Paris

 

T’accueillaient cabarets et bouis-bouis

Hors des miroirs aux alouettes

Tes récits vrais, mains dans l’cambouis,

Valaient bien mieux qu’la chansonnette

 

T’es mêm’ passé à Bobino

Et l’Olympia, avec la crème

Parce que t’écrivais vrai et haut

Tout en refusant le système

 

Avec ton goût de la Justice

Tu claironnais des vérités

Qu’on entend peu dans notre Suisse

Et dont nous venons d’hériter

 

Tu n’joueras plus les Don Quichotte

Contre les gros, les possédants

Que d’autres désormais s’y frottent

Sancho attend ton remplaçant

 

Tu n’as pas voulu accepter

Les faux honneurs des hypocrites

Grand Vaudois tu vas demeurer

Bien au-dessus des sybarites

 

Tant encore de voyages troqués

Pour un dernier tour dans le vide

Tintin t’aurait donc tant manqué?

Tu es parti à la limite

 

Sans ton art comment dire encore

Les personnages d’arrière-pays

Tous les travailleurs qu’on essore

Le temps, les chemins, les amis

 

Tu avais l’art de dir’ les gens

De laisser trace d’une humble vie

Qui peu à peu peuplaient tes chants

D’étranges présences amies

 

Que vont dev’nir tes personnages

La p’tite Élise, Davel, Djamel

Et tous les autres sur leurs pages

Leur vie à la nôtre se mêle

 

À nous désormais de reprendre

Flambeau, écrits, airs et poèmes

Pour te faire un peu redescendre

Ici parmi tous ceux qui t’aiment