Édito n°41, mars 2014

Numéro 41 – Mars 2014

Lorsque le Wind Band Neuchâtelois[1] décide de rendre hommage à la chanson romande, les 19 et 20 septembre dernier, il fait salle comble au théâtre de La Chaux-de-Fonds en proposant dix artistes de différentes générations dont Jérémie Kisling, Nicolas Fraissinet, Florence Chitacumbi, Aliose, Junior Tshaka et Michel Bühler. Les 25 et 26 janvier dernier, c’est au tour de la Maison de Quartier Sous Gare de Lausanne de faire le plein dans le cadre de la 5e édition de son Festival 100% Chanson Francophone[2] où les auteurs / interprètes romands Marc Aymon, Pierre Lautomne, Fabien Tharin, François Vé et le quintet genevois Ostap Bender tiennent une place de choix.

La chanson romande est toujours bien vivante avec ses poètes et ses interprètes.

CultureEnJeu vous avait déjà proposé, en novembre 2006, une table ronde avec Sarclo. Cet architecte diplômé de l’EPFL, devenu par la suite auteur-compositeur-interprète aux chansons tantôt féroces tantôt pleine d’humour à l’image de Gueuler partout comme un putois ou Une tristesse bleue et grise, était accompagné par François Lindemann (fondateur de Piano Seven et compositeur de musique de théâtre et de ballet contemporain) et de Vincent Salvadé, (professeur associé à l’Université de Neuchâtel et directeur général adjoint de la SUISA). Ensemble ils avaient évoqué les chemins tortueux par lesquels doivent presque inévitablement passer les artistes qui se risquent dans les domaines de la musique et de la chanson. Difficulté de financer ses créations, de trouver des lieux pour se produire en scène, de passer sur les ondes, de se faire payer un juste prix pour ses prestations, de vivre dignement de son travail d’artiste… La situation n’a pas beaucoup changé depuis 7 ans. Les problèmes restent les mêmes pour nos chanteurs romands. Le marché décide avant tout. Mais ne l’a-t-il pas toujours ainsi fait ? Peut-être autrefois d’une manière moins brutale et moins expéditive ? Il y avait des impresarii qui prenaient des risques sur de beaux textes et sur des notes pas nécessairement tendances. Et aujourd’hui ?

Souvenez-vous du XIIIe Sommet de la Francophonie que la Suisse avait organisé à Montreux fin octobre 2010. J’y étais pour préparer le dossier de CultureEnJeu (n°28, décembre 2010) sur la francophonie. À l’occasion de l’ouverture du Sommet, la RTS avait organisé un Gala de la chanson francophone. Seuls deux suisses romands avaient été invités à y participer : Jérémie Kissing et Yann Lambiel. C’est dommage que la RTS, devant une occasion si exceptionnelle, n’ait pas pris le risque de programmer d’avantage d’artistes de chez nous. C’était l’occasion ou jamais ! Timidité ? Manque de courage éditorial ? Manque de vision culturelle ? Ou est-ce la conséquence de l’application des règles classiques en vue de contenter tout le monde et d’obtenir le plus de parts de marché ? Heureusement, il y avait le village de la Francophonie où de nombreux jeunes artistes, du pays de notre grand quatuor Théraulaz-Bühler-Auberson-Sarclo, ont pu présenter à la foule des badauds leurs rythmes et leurs chansons.

Avec le dossier que vous avez sous les yeux, nous avons voulu vous rappelez les origines et l’importance de la chanson dans notre culture. Sans pouvoir les réunir tous, hélas, nous rendons un hommage particulier à quatre de nos poètes-chanteurs romands en vous offrant quelques uns de leurs textes et en vous invitant à les fredonner.

« La chanson, nous dit Michel Bühler, est infiniment portable et pratique. Vous pouvez la mettre au fond de votre mémoire, l’emmener partout, et la faire renaître au moment que vous choisirez ! Elle n’encombre pas vos bagages, elle ne fera sonner aucun portillon de sécurité, et vous pourrez sans risquer la moindre question, passer tranquillement avec elle devant les douaniers les plus suspicieux ! C’est l’objet d’art idéal. On ne le répétera jamais assez. »

[#1] www.wbn.ch
[#2] www.lechantlaboureur.ch