La LoRo soutient…
Un engagement populaire unique au monde - mais la prochaine Fête des Vignerons pourra-t-elle rester uniquement vaudoise ?
La Fête des Vignerons, nous en avons questionné le mode de financement dans un dossier en ce début d’année (CEJ 61, mars 2019). Isabelle Falconnier, contributrice de notre journal et déléguée médias de la FEVI, a donné sa réponse dans le numéro 62 : la Fête « repose sur un engagement populaire unique au monde ». Elle avait raison : le résultat est bluffant : il faut traverser un océan jusqu’au Carnaval de Rio pour rencontrer semblable engouement de milliers d’acteurs-figurants dans un « festspiel » superlatif mis en scène avec une rigueur qui, a priori, semble incompatible avec un tel nombre d’« amateurs » bénévoles et de « tableaux » sans véritable dramaturgie. La réussite est musicale, costumière, technique (l’écran LED géant), poétique - Alice au pays des merveilles surgissant sur la Place du marché de Vevey. On ne peut que regretter que le spectacle soit intransportable - donc unique. Mais c’est aussi ce qui fait son originalité et son charme.
Avec moins de 1 % de son budget, les 600’000 CHF que l’organe de répartition vaudois de la Loterie Romande a accordés à la Fête des Vignerons, ne semblent pas peser lourd dans la balance des 100 millions de la Fête. Si l’essentiel provient de la vente des billets et des sponsors, l’aide de la LoRo figure beaucoup plus haut dans la part publique au financement de la Fête et tout particulièrement dans celle des fondations (y compris une « fondation privée genevoise » et la Fondation Göhner basée à Zoug). C’est que, à tous points de vue, l’événement a fait éclater, plus encore que lors des éditions précédentes, le territoire vaudois. C’est d’une fête romande, et même suisse qu’il s’est agi. Fierté des Vaudois, la Fête des Vignerons peut-elle rester vaudoise ?
Du point de vue du succès populaire et artistique, la volonté de poursuivre la tradition ne fera aucun doute. Mais elle se heurtera à l’explosion des coûts (d’autant plus si cette édition se conclut sur un déficit). S’il faut donc s’attendre à une volonté de maintenir la Fête des Vignerons « vaudoise », elle ne pourra s’épargner la recherche de nouveaux modes de financement - dont une des variantes pourrait être une « romandisation », appuyée d’une intervention de la Confédération. Et si les représentations sous l’égide des cantons, la présence des armaillis fribourgeois, la mise en scène par un Tessinois y font déjà allusion, la prochaine génération, verra-t-elle d’autres cantons viticoles de Suisse (il y en a beaucoup !) proposer chacun son tableau avec ses figurants, dans une création pilotée par les Vaudois, mais décentralisée, convergeant sur la place du Marché de Vevey ?