Une tournée à bicyclette électrique dans tout le canton pour se présenter en juin et des portes ouvertes participatives début octobre à son inauguration, le Théâtre du Jura annonce la couleur durable de son engagement sociétal.

40 ans de patience pour faire un naître un théâtre, quasi l’âge de son directeur Robert Sandoz. Une longue gestation qui permet de penser une structure théâtrale autrement.

Pour le Théâtre du Jura, la notion de durabilité commence dès sa conception qui incluait le respect du patrimoine en conservant une façade historique, même si cela affecte un peu son bilan minergie. Panneaux solaire, chauffage à pellets ou finitions respectueuses avec un choix de revêtement intérieur, comme le bois ou le liège, décidé en équipe, tout participe à rendre le bâtiment le plus écologique possible alors que 75% des travaux doivent être confiés prioritairement à des entreprises de proximité.

« Pour moi, la durabilité est transversale et a deux aspects », relève Robert Sandoz. « Des mesures purement écologiques de fonctionnement insérées dans une économie circulaire comme le fait d’acheter du mobilier recyclé pour nos bureaux, mais aussi une manière de concevoir la société. » Selon le directeur, également metteur en scène de textes forts comme « D’acier » de Silvia Avallone qui évoque la fin d’un monde industriel en Toscane, des actes écologiques, sans le changement sociétal qui va avec, seraient dénué de sens. Pour ce « fan » d’Edgar Morin, il faut penser un monde complexe où tout est lié. « Quand je parle de complexité, je me réfère au sens latin élémentaire du mot complexus, ce qui est tissé ensemble », rappelle le sociologue français.

Le Théâtre du Jura sera donc aussi celui de sa population et intégré dans le tissu sociétal jurassien. « Notre chargé de médiation Camille Rebetez est un des initiateurs de la Charte des artistes, acteurs et actrices culturelles pour le climat dont le théâtre est bien sûr signataire. Il ne suffit pas de dire, je crée dans mon théâtre et je reste là par souci d’écologie. Nous allons agir sur la mobilité des publics et revoir le mode des tournées désormais plus locales en déplaçant nos spectacles dans les villes et villages du canton. Mutualiser les programmations avec les autres théâtres romands. Créer en circuits courts avec des artistes jurassiens, être attentifs à la fabrication de la scénographie, etc. »

Pour ce passionné de théâtre, exigeant et populaire dans le bon sens du terme, il n’y aura pas de repli nationaliste qui ne ferait jamais venir de théâtre de l’étranger dans le Jura. Cela arrivera encore, mais de manière réfléchie. Selon Robert Sandoz, il ne faut pas se contenter de faire des spectacles à morale écologique, mais instaurer une participation et une médiation autour des spectacles. « Les spectateurs, doivent prendre conscience, particulièrement les enfants, de leur capacité d’action. Avec la culture, on peut changer des choses. Il n’y a pas d’avant et d’après. Nous sommes en mouvement et il s’agit d’influencer ce mouvement vers la durabilité. »

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