©JD Gagnebin de Bons

« Je rêve de projets qui puissent créer des synergies entre la culture et d’autres facettes de notre société »

Numéro 69 – Mars 2021

Son entrée en fonction aura été marquée par une crise sans précédent pour les milieux culturels. Rencontre avec Anne-Catherine Sutermeister, cheffe du service de la culture du canton du Valais, pour qui les défis et les opportunités de développement sont nombreux.

Le paysage culturel valaisan est assez fort et structuré, notamment grâce à l’engagement de plusieurs faîtières (Visarte Valais, Valais Films, l’Association valaisanne des musées, etc.) D’autres cantons n’ont pas forcément les mêmes équivalents dans ces branches, pensez-vous que cela a permis aux acteurs·trices culturel·le·s valaisan·ne·s de mieux faire face à la crise ?

Oui ! C’est un atout évident que de pouvoir s’adresser à une structure faitière, apte à livrer des informations sur les besoins spécifiques d’un secteur culturel. Cela a surtout permis d’échanger et de transmettre rapidement les informations nécessaires. Plus largement, les faitières engagées font avancer les métiers, la branche et apportent un soutien déterminant à sa professionnalisation.

Quels sont les défis et les nouvelles directions que vous souhaitez prendre ?

En Valais, il me semble que ce qui a pu être considéré comme une faiblesse – l’absence de grandes institutions (opéras, orchestres, grands musées) – devient aujourd’hui un atout et un gage d’agilité. Les défis sont multiples : nous allons réactiver un fond destiné aux projets culturels et touristiques, lancer un programme pour encourager le dialogue entre les générations, mais aussi consolider les structures établies et les accompagner au cours de cette période singulière. 

Diriez-vous que la crise du COVID-19 a renforcé la cohésion entre les cantons romands ?

La Conférence des chefs de service et délégués aux affaires culturelles (CDAC), une conférence de la CDIP, est un organisme extrêmement dynamique et je dirais aussi créatif. En effet, rappelons que la CORODIS, Label +, Livre +, et différentes structures romandes ont été encouragées, voire créées par la CDAC. Depuis l’arrivée du COVID-19, la nécessité de pouvoir échanger, s’harmoniser au niveau des dispositifs d’indemnisation a été fondamentale. La CDAC, pour moi, c’est une intelligence collective et donc une valeur ajoutée indéniable pour que nos services soient plus adaptés et efficaces. 

En poussant les entreprises culturelles à se transformer, certaines se verront sans doute augmenter leur voilure. Les pouvoirs publics sont également amenés à se repenser dans leur politique de soutien. Qu’est-ce que cela implique pour vous concrètement ? 

L’idée n’est pas forcément d’augmenter la voilure, ou alors il sera judicieux d’opter pour un modèle d’affaires qui repose aussi sur des recettes plus diversifiées, assurant ainsi un meilleur équilibre à l’entreprise culturelle. Pour ma part, je rêve de projets qui puissent créer des synergies entre la culture et d’autres facettes de notre société comme la santé, la formation, le sport, le tourisme, la science ; des projets qui puissent aussi intégrer les transformations sociétales en cours comme le développement durable et l’économie solidaire, la digitalisation sous ses différentes facettes (AI, VR, robotique, etc.), réagir face aux fractures sociales croissantes ; des projets qui puissent peut-être en prendre le contre-pied, inventer d’autres pratiques culturelles inédites…Enfin, des projets qui réactivent en nous la poésie du monde…