La culture romande existe, la FRAS l’a rencontrée

Numéro 63 – Septembre 2019

En 2017, le Pool de théâtres romands et l’Union des Théâtres Romands (UTR) créaient la Fédération romande des Arts de la scène (FRAS) affirmant un désir d’actions romandes. Son secrétaire général Thierry Luisier confirme des synergies sous une même identité.

En 2017, le Pool de théâtres romands et l’Union des Théâtres Romands (UTR) créaient la Fédération romande des Arts de la scène (FRAS) affirmant un désir d’actions romandes. Son secrétaire général Thierry Luisier confirme des synergies sous une même identité.

Depuis deux ans, les scènes de Suisse romandes sont unies pour mieux défendre les intérêts des publics et de la profession au niveau régional et national. Plus de cinquante théâtres implantés dans tous les cantons romands représentent ainsi près d’un million de spectateurs avec quelques 6000 représentations. Un force culturelle romande essentielle pour assurer une meilleure visibilité politique aux théâtres subventionnés et participer à l’amélioration constante des conditions de travail des artistes et des structures. Thierry Luisier, lui-même ancien directeur du Théâtre Benno Besson à Yverdon, aujourd’hui secrétaire général de la FRAS, milite depuis longtemps pour une culture à dimension romande. Interview.

CultureEnjeu: La culture romande existe-t-elle vraiment?

Thierry Luisier : Elle existe à l’évidence. Personnellement, je me bats depuis trente ans pour un espace culturel romand visant à faire exploser les frontières cantonales. Lausanne et Genève notamment sont pratiquement des cantons avec un grand poids économique au niveau culturel. Avec un tout petit territoire de 2 millions d’habitants où il y a énormément d’activités culturelles proposées, nous devons absolument réfléchir au niveau romand. Ces prochaines années, même si les structures sont différentes, la Suisse alémanique suivra, elle aussi, la tendance qui est de travailler davantage au projet comme cela se fait déjà pour les arts de la scène en Suisse romande. La production et la diffusion en Suisse devront être pensées autrement. 

Comment est née votre «conscience» culturelle romande?

Lorsque j’étais administrateur d’une compagnie de danse (ndlr. La Cie Philippe Saire), je me suis rendu compte que notre territoire ne pouvait se limiter au canton de Vaud et encore moins à la Suisse romande. Philippe Saire est un chorégraphe qui a envie de tourner en Europe et ailleurs dans le monde parce que le marché de la danse est par nature sans barrières linguistiques. La diffusion se dessine au-delà des frontières quelles qu’elles soient. Pour le théâtre en revanche, le public est avant tout local, mais si une pièce est montée en coproduction entre le théâtre et la compagnie, il faut faire circuler l’œuvre pour qu’elle puisse perdurer en Suisse romande, si ce n’est au-delà.

Vous avez fondé et développé de nombreux projets de formation et d’information dans le cadre de l’association romande technique organisation spectacle ARTOS et avez été secrétaire général de la commission romande de diffusion des spectacles CORODIS pendant dix ans. Au fond vos envies de synergie viennent de loin? 

Oui, à l’époque j’avais pu constater qu’énormément de productions se créaient à Lausanne ou à Genève, mais qu’elles ne tournaient pas ensuite en Suisse romande. Il fallait stimuler leur envie de sortir de ces deux grands pôles tout en les aidant financièrement. Quant à Artos, j’ai incité les directeurs techniques des lieux de spectacle à ouvrir leur carnet d’adresses de techniciens. Nous avons édité un annuaire qui a vraiment favorisé la circulation des intermittents du milieu de la technique. Puis nous avons mis en place des formations qui puissent donner à chacun les mêmes références professionnelles.

Que souhaiteriez-vous aujourd’hui pouvoir mettre en place? 

Un Office de la culture romand car quand on veut réaliser quelque chose dans le domaine des arts de la scène, c’est toujours un effort de réfléchir et de se battre au niveau romand parce qu’il n’y a pas de structure politique romande. Le soutien qu’une compagnie de théâtre peut trouver est d’abord communal, puis par subsidiarité cantonal. Malgré tout, la culture romande a toujours existé. Il n’y a pas de projet culturel communal qui puisse se réaliser directement ou indirectement sans des soutiens venus d’ailleurs. C’est une vue de l’esprit de croire que cela a existé. Les comédiens, les techniciens ou les metteurs en scène circulent en Suisse romande depuis toujours.

https://www.lafederation.ch/


Thierry Luisier 

(1963) Secrétaire général de la Fédération Romande des Arts de la Scène, qui réunit une cinquantaine de Théâtres et festivals, depuis octobre 2017. Il est secrétaire général de la commission romande de diffusion des spectacles CORODIS pendant dix ans et travaille pour divers metteurs en scène et chorégraphes romands. Il travaille quatre ans en tant que directeur administratif du Théâtre du Passage et de la Compagnie du Passage à Neuchâtel, puis directeur du Théâtre Benno Besson à Yverdon-les-Bains.