Le Pacte de l'enquête vise à accorder plusieurs dizaine de millions aux journalistes et aux rédactions

Numéro 64 – Décembre 2019

Élaboré dans un groupe de travail par des représentants d’Impressum, de Nouvelle Presse et de Médias Pour Tous, le modèle du Pacte de l’enquête sera présenté au niveau national lors d’une coordination sur les modèles et critères de l’aide aux médias à Berne le 2 décembre, organisée par Media Forti et Médias Pour Tous.

Le Pacte de l’enquête (Journalismus- Pakt) vise à redonner de la vigueur au journalisme d’enquête à l’échelle suisse en accordant plusieurs dizaines de millions chaque année aux journalistes eux-mêmes, ainsi qu’aux rédactions qui publieront leurs articles. C’est le métier de journaliste dans sa dimension la plus noble, mais aussi la plus risquée et la plus fragile qu’il s’agit de revivifier au moment où les rédactions rétrécissent à vue d’oeil.

Ce modèle, présenté sous une première forme au Salon du livre en avril 2017, est le mieux à même d’atteindre les objectifs que s’est fixés la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga : une aide directe au journalisme de qualité à travers un système totalement imperméable aux pressions politiques. En succédant à Doris Leuthard, Mme Sommaruga a souhaité refondre complètement le projet de loi d’aide aux médias en ne les restreignant plus aux médias dits électroniques.

C’est également ce que propose le Pacte de l’enquête, en permettant à des journalistes de tous bords, membres d’une rédaction ou indépendants, voire au chômage, de participer à un concours permanent de projets. Dans chaque région, chaque année, plusieurs dizaines de journalistes doivent recevoir les moyens d’enquêter dans des conditions professionnelles et de faire paraître leurs enquêtes dans tous les organes qui entendent transmettre des informations de haute qualité aux citoyen·e·s suisses. Peu importe qu’elles soient transmises, à l’ancienne, sur papier ou sur les écrans, postes de radio et TV. Les canaux numériques ne devraient pas empêcher les voies classiques de l’information.

Trois types d’aide figurent au menu du nouveau projet de loi encore au stade d’élaboration par le DETEC. Le premier type vise le maintien des journaux papier par des rabais postaux améliorés, le second des mesures indirectes aux infrastructures numériques comme We- Publish, à la formation, à l’ATS (et le Pacte de l’enquête pourrait s’y ajouter). Quant au troisième type, il introduirait une toute nouvelle aide au journalisme en ligne.

© Pitch Comment | CultureEnJeu 2019

Renforcement d’un contenu de qualité

Seul le Pacte de l’enquête s’efforce de favoriser directement le renforcement d’un contenu journalistique de qualité et sa transmission au public. Car il ne s’agit pas de financer des enquêtes prestigieuses mais peu lues. Il faut que chaque organe de presse puisse accéder à une bourse dans laquelle sont proposées les enquêtes aidées, sans aucune restriction. Les éditeurs pourront ainsi bénéficier d’un apport journalistique de qualité, à un prix à la fois adapté à leur taille et inférieur au coût réel de l’enquête. Les éditeurs sont donc eux aussi encouragés sur le plan financier, tout en augmentant la qualité de leur contenu.

La Confédération favorisera ainsi non seulement la survivance des compétences journalistiques, mais aussi le tissu entrepreneurial et la diversité régionale, culturelle et linguistique. Comme institution, le Pacte de l’enquête devrait se décliner dans chaque région sur le modèle de la SSR et, comme elle, d’autres sources régionales, cantonales, communales, ou des fondations privées, pourront le soutenir. Et cela sans qu’aucune des sources de financement n’ait la moindre possibilité d’intervenir sur les choix éditoriaux, effectués exclusivement par un pool de journalistes experts reconnus dans chaque région.