Culture et virus ne font pas bon ménage. Dans ce bras de fer arbitré par les autorités, certaines décisions sont parfois incompréhensibles, comme la fermeture des musées, des salles de spectacles et de cinéma. A cet effet, Charles Berling, comédien et Directeur du théâtre Le Liberté à Toulon, rappelait fin novembre qu’aucune propagation virale n’est à signaler dans aucune salle de théâtre depuis le début de la pandémie sur tout le territoire français. Point.

C’est certain, ce ne sont pas les critiques passionnées des dernières productions artistiques et culturelles du Masque et la Plume sur France Inter qui auront marqué les esprits durant cette année pandémique. 2020, c’est plutôt le masque et le plexi. A l’image du ciel assombri de notre édition de juin, l’horizon crépusculaire des métiers dans la culture soumis au régime sec s’avère encore plus funeste pendant la bien-nommée deuxième vague. Au désarroi succède la colère et le sentiment généralisé d’être abandonné·e·x·s chez les travailleurs et travailleuses des différentes ramifications culturelles.

Malgré tout, la vie continue. Mieux, elle doit continuer. Comme les précédentes et les suivantes, cette année, des étudiant·e·x·s se forment pour devenir des professionnel·le·x·s dans les secteurs des arts et de la culture. Plus qu’aucune autre génération, la jeunesse a besoin de perspectives, d’élan pour mordre le futur. Sous le masque, la niaque. Nous sommes allés prendre la température dans les écoles d’art en mode Covid en Suisse romande.

Si rien n’esquisse mieux l’avenir que le passé, je réalise dans ce numéro un vieux rêve de gosse : une rencontre téléphonique avec l’illustrateur Jörg Müller, un des héros de mon enfance dont les illustrations ont forgé mon esprit, mon regard sur le monde. Dans les années 1970, il inventait des paysages utopiques d’inspiration suisse dans lesquels il imaginait les évolutions urbanistiques en série. Une œuvre sublime et intemporelle qui passe le capitalisme au vitriol avec une élégance rare, celle d’éviter tout jugement moral. A mon tour, je lui demande comment il voit le monde aujourd’hui. Je profite de ces quelques lignes pour passer le témoin à Aimée Papageorgiou qui reprend, ad interim, le flambeau de CULTURE ENJEU. Serein car sachant la publication entre de bonnes mains, je m’en vais vers de nouvelles aventures professionnelles, mais ai néanmoins l’honneur et le plaisir de rester dans le comité de rédaction. De tout mon cœur, je souhaite bonne chance à Aimée et suis impatient de découvrir son premier numéro en mars 2021.